28 mars 2012

Les mages de Westil (1) : La porte perdue, Orson Scott Card


Les dieux sont parmi nous : venus autrefois d'un monde nommé Westil, ils ont modelé l'histoire des hommes.
Mais en l'an 632 Loki a fermé toutes les portes magiques vers Westil, les privant en grande partie de leurs pouvoirs. Aujourd'hui, les North - la Famille des dieux norrois - vivent cachés dans la campagne américaine. Or voici que Danny North, treize ans, que l'on croyait dénué de pouvoirs, découvre qu'il est un porte-mage, un créateur de portes. Problème : toutes les Familles ont fait serment d'éliminer ses pareils afin de préserver un fragile équilibre.
Danny n'a d'autre choix que de fuir sur les routes américaines. Obligé d'apprendre seul à maîtriser son pouvoir, il va se découvrir des alliés inattendus. Et pendant ce temps, sur Westil, apparaît un garçon énigmatique, lui aussi doué du talent d'ouvrir des portes.
Waouh !

Cela faisait longtemps que ce grand auteur n'avait pas tenu le haut du pavé sur mon blog ! Orson Scott Card, c'est ma révélation 2010. Moi qui me targuait de détester la science-fiction, j'ai été complètement prise au dépourvue par cet écrivain à l'histoire personnelle plutôt inhabituelle (il est mormon) dont les thèmes récurrents (la vie et la mort, la métamorphose, l'immanence et la transcendance...) m'ont étrangement touchée. Depuis, j'en ai lu un certain nombre et rends visite assez souvent à son site Internet et celui de son Webzine. C'est donc avec beaucoup d'étonnement que je me suis aperçue de la sortie de cette nouvelle saga que je n'avais pas du tout vu venir ! Bien entendu, ce premier tome a fini immédiatement sur mon étagère. Je l'ai attaqué peu de temps après (bon, quelques mois, mais ce n'est rien comparé à certains qui moisissent des années dans ma pal, ahem...) et je dois dire que j'en ressors conquise...

On pourrait croire qu'Orson Scott Card, à force d'écrire des récits initiatiques, a épuisé le filon. Parce qu'autant le dire tout de suite : un jeune garçon confronté à un monde hostile, des conflits d'intérêts, des familles qui se haïssent, rien de tout cela ne paraît bien folichon. Et c'est là que le grand conteur entre en scène... Avec une facilité déconcertante et une originalité qui ne peut que nous laisser admiratif, Card bâtit un monde qui puise dans tous les mythes connus pour fabriquer son propre univers, à la fois incroyablement familier et novateur. Bien que la majorité de l'action se déroule dans notre monde, la mythologie y est très présente. J'ai beaucoup aimé le travail documentaire qu'a réalisé l'auteur en amont et qui transparaît de façon omniprésente dans le récit. Lorsque Danny s'aperçoit avec effarement qu'il est différent des autres, son monde s'écroule. Il connaît bien entendu le triste sort que l'on réserve aux portemages et décide d'en apprendre plus sur sa condition. Cela n'est pas chose aisée car tous les textes anciens et sacrés sont jalousement gardés, mais il parvient tout de même à tomber sur un manuscrit qui fait mention de Loki, le plus (tristement) célèbre des portemage. Il découvre, même s'il le pressentait, que toutes les divinités sont liées, quelques soient les époques qu'elles traversent ou les noms qu'elle adoptent. J'ai adoré la façon dont Orson Scott Card pioche dans nos mythes et légendes et dont il les agence pour en faire une entité cohérente et tout à fait réelle.

Pour casser la linéarité du parcours de Danny, l'auteur intercale dans une trame parallèle se situant sur Westil. Là-bas comme sur Terre, les dieux y sont restés bloqués et ont perdu beaucoup de leur pouvoir ; l'univers y est en revanche franchement médiéval. Bien entendu, le lecteur ne peut s'empêcher d'attendre avec impatience le moment ou ces deux univers vont se télescoper et s'éclairer mutuellement. Il n'empêche qu'il est particulièrement réjouissant de suivre ces deux histoires distinctement en attendant.

Une fois de plus, Orson Scott Card tisse un univers haut en couleurs qui lui est propre. Je pourrais détailler encore longtemps tous les aspects qui m'ont plu (je n'ai même pas parlé des personnages ! Sachez une chose : ils sont complexes, travaillés et très intéressants...). L'auteur a su se renouveler avec ce titre car il campe un jeune homme qui fait pleinement partie de notre réalité malgré ses pouvoirs. Danny pense, parle et même jure comme n'importe quel garçon de son âge. De prime abord un peu déconcerté par les dialogues assez crus et familiers, j'ai toutefois fini par apprécier cette prise de risque, d'autant que la poésie et la grâce sont toujours bien présentes quoique plus subtiles que d'habitude. Le seul petit bémol de cette lecture est la vague impression que le récit ne "coulait" pas aussi bien que d'habitude ; peut-être est-ce dû à la traduction ? En parlant de traduction, une supplique pour l'Atalante : pitié, arrêtez de changer de traducteur à chaque nouveau roman d'OSC !

Les mages de Westil (1) :  La porte perdue, Orson Scott Card
Éditeur : L'Atalante
Paru en 2011
416 pages
21 €
ISBN 978-2-84172-560-1

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4 mot(s) doux:

  1. je suis une fan de Card, comme toi, que j'ai découvert il y a un bon moment avec Les chroniques d'Alvin le Faiseur... bref, je note tout de suite cette nouvelle série. Au fait, si tu aimes cette façon de travailler sur les mythes et légendes, tu devrais tenter La forêt des Mythagos de Robert Holdstock, c'est tout simplement génial !! Merci pour ta super chronique !

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  2. Merci à toi Flof, je file voir le livre que tu m'indiques ! Bonnes lectures :)

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  3. Ça fait un petit moment que je n'ai plus lu de Card, mais ce livre me tenterait bien, surtout après avoir lu ta chronique.

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  4. Oh eh bien je ne connais pas du tout cet auteur mais ton enthousiasme donne très envie :D

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