24 avril 2014

Paco les mains rouges(1), Fabien Vehlmann & Éric Sagot


Un jeune instituteur auteur d’un crime passionnel échappe à la guillotine, mais se voit condamné au bagne à perpétuité. Son calvaire commence dès le voyage vers la Guyane. Là-bas, "Paco les Mains rouges", surnommé ainsi parce qu’il a commis un crime de sang, doit affronter la réalité d’un monde carcéral où règne la loi du plus fort, où il faut survivre à chaque instant sans avoir le moindre espoir de sortir libre.
J'ai aimé !

Bon, commençons tout de suite par un petit coup de gueule : les gars, vous devriez le marquer encore plus petit, que c’est un tome 1 ! La mention figure en minuscule en haut du dos de l’album, et il faut vraiment être attentif pour s’en apercevoir ; s’en suit une immanquable frustration, voire déception, à la fin de cet album, lorsqu'on constate que l’histoire est incomplète.

Mais passons plutôt au contenu… Fabien Vehlmann n’a pas peur des sujets troubles : si Jolies ténèbres abordait avec un mélange de candeur et de morbide la décomposition d’un corps humain, Paco les mains rouges s’attaque quant à lui au portrait des bagnards envoyés en Guyane dans les années 1920. Paco les mains rouges, c’est l’histoire d’un homme, condamné à perpétuité pour un crime de sang. Déporté sur une île à l’apparence paradisiaque, il découvre pourtant bien vite la dureté de sa situation.
Mais quand on nous a mis en ligne, direction la mer, Nom de Dieu… Perpétuité en Guyane… Laisse-moi te dire que d’un seul coup, ça prenait tout son sens.
Et là, lecteur, accroche-toi à ton siège, car la balade n'est pas vraiment de tout repos. Plongés au cœur du quotidien des détenus, on y découvre les conditions inhumaines et règles de survie qui rythmaient, et rythment encore parfois leurs jours : tatouages initiatiques, insécurité, viols et coups bas, obligation de s'adonner à la violence pour ne pas devenir "la fille" d'un autre détenu... Je suis loin d'être facilement choquée, mais certains passages sont sans concessions, et le propos fait l'effet d'un uppercut.
Au cachot, j'ai écrit une lettre à ma fiancée et à ma famille. J'ai dit que la Guyane était très belle.
Qu'est-ce que j'aurais pu leur dire d'autre ?

Je dois avouer que les premières pages n'ont pas été une évidence : j’ai été déstabilisée par le langage très argotique qui mériterait à mon sens peut-être quelques éclaircissements, ainsi que par les illustrations d'Éric Sagot, brutes, épaisses et ternes. Et puis, petit à petit, je suis complètement rentrée dans ce récit percutant, et j'ai beaucoup apprécié la simplicité et l'expressivité du trait. On découvre à la fin de l’album un cahier de recherches graphiques et, surprise, des planches en couleur ! On se pose inévitablement la question du choix de cette teinte sépia, même si l’on se doute qu’il procède de la décision de donner une ambiance particulière à cet album, davantage en adéquation avec ce sujet éprouvant.

Une fois de plus, c’est mon côté bibliothécaire qui parle, mais j’aurais aimé en savoir un peu plus sur l’époque, bref avoir un petit dossier documentaire ou simplement quelques titres pour poursuivre mes lecture et en apprendre plus sur cette période qui a marqué l’Histoire. Si ce premier tome manque à mon goût d'éléments de contexte, je ne manquerai pas de lire la suite car j'ai très envie de savoir comment cette histoire se termine !

Paco les mains rouges(1), Fabien Vehlmann & Éric Sagot
Éditeur : Dargaud
Paru en 2013
56 pages
16 €
ISBN 978-2-205-06812-2
D'autres KBDiens : Mo' / Choco / Lunch & Badelel / Yvan

3 mot(s) doux:

  1. Ahah, on a éprouvé ce même sentiment de frustration visiblement. J'avais pas fait gaffe non plus à la tomaison ^^

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  2. Une BD qui décoiffe, on dirait. Le tome 1, c'est bien ça ?!

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  3. @ Lunch : haha je me sens moins seule ! ^^

    @ Alex : c'est très marquant, c'est sûr... et oui, un tome 1, le 2 a intérêt à arriver vite !

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