16 octobre 2014

Abyss, Orson Scott Card


Le Montana revenait d'une mission de reconnaissance dans les Caraïbes. Cent cinquante-six hommes à bord. Plus vingt-quatre missiles, soit cinq fois la bombe qui détruisit Hiroshima. Ce sous-marin pouvait faire sauter la moitié de la planète. Mais il était invincible. Et les Etats-Unis n'étaient pas en guerre.
Le Montana gît maintenant par cinq cents mètres de fond, pauvre jouet cassé dans lequel flottent cent cinquante-six cadavres. Incompréhensible ! Au Pentagone, on s'agite : avant tout, il faut devancer les Russes. Les empêcher d'accéder à l'épave, de violer ses secrets...
Sûrs de leur bon droit, les humains préparent la guerre. Fou dangereux, ils ignorent que dans ces eaux noires et glacées, il existe une autre forme de vie...
Waouh !

Chez les amoureux de la lecture, le débat est clos : les livres sont toujours meilleurs que les films qui en sont tirés. J'aurais tendance à être de cet avis : plus riche, plus profond, le livre dévoile pour moi un univers bien plus complexe que ne peut le faire aucune image, car c'est tout simplement notre imagination qui est au travail ! Le plus souvent donc, je lis le roman avant de voir son adaptation (et ensuite je critique allègrement cette adaptation). Abyss n'a pas dérogé à la règle, sauf que nous sommes ici en présence d'un cas un peu particulier puisque le roman a été écrit d'après le film, et non l'inverse ! (je sais pas vous, mais moi j'en perds complètement mon latin, là.) Ce qui m'a décidé à acheter cet ouvrage ? Le nom de l'auteur évidemment, qui est l'un de mes favoris. Lorsque l'on sait qu'il est question dans cette histoire de huis-clos au fin fond de la mer et de petits hommes verts, pas étonnant que le maître de la SF ait choisi de raconter à sa sauce le film de James Cameron...

Je n'avais pas encore vu le film lorsque j'ai commencé le roman, et l'histoire a donc été une découverte complète. Le livre s'ouvre sur un terrible accident : un sous-marin nucléaire américain qui contient de quoi faire sauter la planète s'échoue a près de 600m de profondeur. Nous sommes en pleine guerre froide, à quelques centaines de kilomètres seulement de Cuba, et le climat est à la psychose générale. Est-ce un engin russe qui a percuté le Montana ? En état d'alerte, les États-Unis doivent à tout prix sécuriser la zone et éviter que les Rouges récupèrent des documents top secret. Problème : un ouragan se prépare et il est impossible de faire venir du matériel américain... Le Pentagone réquisitionne alors une plateforme pétrolière qui croise non loin, la Benthic Explorer. Celle-ci effectue une mission de forage en grande profondeur grâce à Deepcore, un engin capable de résister aux grandes pressions, conçu par une brillante scientifique au caractère abominable nommée Lindsey. Cette dernière, accompagnée de quatre SEAL's (acronyme de Sea, Air, Land : « mer, air et terre » - force spéciale d'opérations maritimes) embarque à bord de Deepcore à la plus grande joie de Bud Brigman, son futur ex-mari. Entre les deux, la tension est palpable. Tout ce petit monde se rend à bord du sous-marin échoué, pour une mission de reconnaissance. Mais ils ne sont pas seuls au fond de l'eau...

Mélangez donc une histoire de couple orageuse, des personnalités explosives, des secrets militaires, la folie liée aux grandes profondeurs et une intelligence extra-terrestre : tadaaaaam ! Vous obtenez un récit extrêmement prenant et angoissant. Complètement agrippée par cette lecture, j'ai littéralement dévoré ce roman en une journée. Orson Scott Card excelle à nous plonger petit à petit dans la paranoïa lors de ce récit qui illustre à merveille la maxime "l'homme est un loup pour l'homme". J'ai beaucoup aimé la façon dont la psychologie des personnages est développée. Enfermés à plus de 600m de profondeur, dans le noir quasi-absolu, coupés de la plateforme à cause de l'ouragan, Bud, Lindsey, le lieutenant Coffey (chef des opérations des SEAL's) et les autres perdent progressivement leur sang-froid et cèdent à la panique. Le huis-clos est cauchemardesque et exaltant. Un bon livre ? C'est chouette. Un bon film ? C'est cool. Mais un bon livre d'après un bon film ? C'est la magie Orson Scott Card/James Cameron, et ça dépote !

Abyss, Orson Scott Card
Éditeur : J'ai Lu
Collection : Science-fiction
Paru en 1989
349 pages
? €
ISBN  2-277-22657-2 


Réalisé par James Cameron - 1989
Avec Ed Harris, Mary Elizabeth Mastrantonio, Michael Biehn...

Évidemment, après la lecture, je me suis précipitée sur le film. Et premier constat : il a remarquablement bien vieilli ! 25 ans après sa sortie, il n'a pas pris une ride, même si l'on imagine que les scaphandres actuels doivent être un peu plus seyants, que les uniformes des militaires ont évolué (et que la moustache a -heureusement- quasiment disparu.) Mais à plusieurs centaines de mètres sous l'eau, la mode, c'est bien le dernier de nos soucis ! James Cameron a employé plusieurs effets spéciaux novateurs, qui ont eux aussi très bien supporté le passage des ans. Mais si tout cela est aussi crédible finalement, c'est parce que le tournage s'est effectué dans des conditions extraordinaires, et que tout a été mis en place pour que la plupart des scènes soient aussi réelles que possibles. Ainsi, les acteurs ont effectuée la majorité de leurs cascades eux-même, et passaient près de 10h sous l'eau les jours de tournage. Mais comme aucun plateau immergé n'offrait assez d'espace, James Cameron a vu grand : il a fait remplir un réacteur de centrale nucléaire désaffectée de millions de litres d'eau pour simuler les grands fonds marins. L'aquarium géant ainsi créé faisait 13m de profondeur !


Le tournage a été extrêmement éprouvant pour tous. Plusieurs acteurs ont craqué, physiquement ou moralement. Peut-être est-ce mon imagination, mais je trouve que cette difficulté et cette tension se ressentent dans le film, et contribuent à créer une atmosphère particulièrement oppressante. Pendant tout le film, je me suis dit et répété que si j'étais actrice, je n'aimerais vraiment pas tourner dans un film comme celui-là. Recevoir des litres d'eau dans la figure, barboter dans de la flotte gelée, et passer 10h par jour dans le noir... non merci !


Le jeu des acteurs est vraiment extraordinaire, surtout lorsque l'on connaît la vérité à propos du tournage. L'ensemble est rythmé, angoissant à souhait, assez psychologique bien que bourré d'action. Si vous avez envie de le regarder, je vous conseille la version longue (2h45mn) qui contient une scène assez importante qui permet de mieux comprendre le rôle de l'intelligence extra-terrestre. C'est d'ailleurs l'apport majeur du roman par rapport au film : Orson Scott Card s'est attaché à raconter l'histoire non seulement du point de vue des humains enfermés dans Deepcore mais également de celui des extra-terrestres. Ces passages nous offrent les éléments de compréhension qui font un peu défaut dans le film. L'auteur a également pris la liberté de fouiller le passé des personnages principaux (Bud, Lindsey, Coffey), nous permettant de mieux saisir les liens complexes qui existent entre eux, ou d'adoucir l'image parfois caricaturale des protagonistes dans le film (Caffey en cow-boy complètement fou). Mon seul bémol, c'est cette fin un peu trop niaise et pleine de bons sentiments !

Que vous soyez plutôt livre ou film, je vous recommande chaudement cette histoire palpitante qui ne manquera pas de vous donner quelques sueurs froides.

6 mot(s) doux:

  1. A ma grande honte, je ne connais que le film... Mais du coup je serais curieuse de découvrir le livre maintenant :) !

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  2. J'avais adoré le film et j'étais vraiment curieuse de découvrir le livre qui en étais à l'origine... croyais-je ^^

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  3. Je ne savais pas qu'il y avait eut un livre.

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  4. Oh, il est rare que les livres s'inspirent de films :o
    J'ai encore du mal avec la SF, mais à voir toute l'admiration que tu portes à cet auteur, peut-être me laisserais-je tenter par un des livres :)

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  5. @ Selvegem, Zina & Alex : moi c'était le contraire ^^ C'est vrai que ça marche plus souvent dans l'autre sens (film tiré d'un livre), ça montre combien le scénario a marqué l'auteur ! Je vous le conseille en tout cas si vous avez aimé le film, ça amène pas mal d'éléments.

    @Kathleen : oui, c'est le seul exemple que j'ai en tête d'ailleurs... Je ne saurais pas trop quel titre de l'auteur te conseiller si tu veux te lancer, mais tu peux exclure tout de suite La stratégie Ender. Il a fait des choses beaucoup plus fantasy (je pense à ENchantement par exemple), qui pourraient te plaire !

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  6. J'ai vu le film il y a trèèèèès longtemps, du coup, lire le livre me tente bien !

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