Croc-blanc, Jack London

"Mangez ou soyez mangé ", c'est la loi unique, absolue du Wild, au cœur des terres du Grand Nord. Une réalité impitoyable qu'affronte Croc-Blanc, un jeune chien-loup courageux qui se heurte à la dure loi de la nature, comme à la cruauté des hommes. Le froid, la faim, la lutte à mort, la haine et le pouvoir : le long et éprouvant chemin de la sauvagerie à la civilisation.

J'ai aimé !

Si j'aime autant les récit polaires, c'est bien grâce à Jack London, que j'ai découvert petite. Je me souviens encore de la cassette vidéo "L'appel de la forêt" que ma mère m'avait offert lorsque j'eus fini le roman. Aujourd'hui, elle trône toujours sur une étagère, trophée d'une autre époque, tellement regardée que la bande, usée, ne produit plus que quelques scènes de brouillard et crachotements. J'ai eu envie de redécouvrir Croc-blanc, chef d'œuvre que je n'ai pas lu depuis bien longtemps. Je gardais un souvenir très fort de l'histoire de cet animal, un quart chien et trois quarts loup, tiraillé entre ses instinct sauvages et son attrait pour le monde des hommes. J'ai été fascinée de constater que ce texte avait gardé toute sa force et son émotion à mes yeux.

Malgré son orientation plutôt jeunesse -à l'heure actuelle du moins- et sa fin optimiste, Croc-blanc est un récit fort, violent et parfois sombre. Toute l'histoire est basée sur des antagonismes, des oppositions qui provoquent de violents combats, qu'ils soient moraux ou physiques : la lutte entre l'inné et l'acquis, entre le devoir et l'envie, entre la nature et la civilisation personnifiée par celle qui se déroule entre le chien et le loup. Je suis toujours aussi sensible à la souffrance animale (Jack London est sûrement pour quelque chose dans mon adhésion au WWF ou mes heures de bénévolat à la SPA ^^), qu'elle soit infligée par les hommes ou par d'autres animaux. Les scènes de combats de chiens ou de maltraitance, bien qu'elles ne soient pas toujours décrites en détails, me sont insoutenables tant le climat de méchanceté et de tension est palpable. La vraie réussite de ce roman est à mon goût le point de vue de la narration. Bien qu'elle soit à la troisième personne et omnisciente, tous les évènements sont vus et analysés à travers le regard de Croc-blanc. Le narrateur décortique tous les sentiments et réactions du loup de manière très poussée, et l'on a l'impression d'être parfois davantage face à un scientifique qu'un écrivain.

Jack London a su décrire avec justesse des émotions universelles tout en leur donnant un cadre singulier, le Grand Nord, indissociable de son "héros". Plus qu'un récit de voyage, Croc-blanc est l'étude approfondie des comportements humains et animaux ainsi qu'une réflexion sur le libre-arbitre et l'atavisme. Cette histoire, intemporelle et universelle, s'adresse aussi bien au plus jeunes qu'aux adultes puisque les niveaux de lecture y sont multiples et que chacun est libre d'y voir ce qu'il a envie d'y trouver : la simple et émouvante histoire d'un loup devenu chien, un travail quasi scientifique, un plaidoyer pour la nature ou encore une source de réflexion.

Si je devais faire un seul reproche à cette histoire, c'est la redondance occasionnelle de certaines descriptions de l'état d'esprit de Croc-blanc. L'auteur insiste parfois un peu lourdement sur les explications du comportement de l'animal, en réaffirmant l'opposition entre sa nature sauvage et sa prédisposition à l'univers humain.

Croc-blanc, Jack London

Éditeur : Le livre de Poche

Collection : Classiques

Paru en 1976 (première édition)

221 pages

4 €

ISBN 9782253001492

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