Lire moins pour lire mieux ?

Lire moins pour lire mieux ? La question mérite réflexion... vous l'aurez probablement remarqué, le blog accuse un sérieux coup de mou ces derniers mois. La faute au mémoire, certes, mais aussi et surtout à pas mal de changements dans ma vie personnelle. À l'aube de mes 24 ans, je crois que je suis en train... de devenir adulte. Voilà. Dit comme ça, ça ne paraît pas folichon ! Dans la réalité, ce n'est d'ailleurs pas toujours facile. Je réfléchis beaucoup, j'essaie de me comprendre, de décortiquer mes réactions et les schémas selon lesquels j'agis et et j'ai agi pendant des années. Mon objectif est clair : garder ce qui est bon, et changer ce qui est mauvais. Et laissez-moi vous dire que casser les habitudes, c'est fatigant...

Alors le blog, là-dedans, forcément, n'est pas au premier plan. La lecture non plus d'ailleurs. Mais je me rends compte que ce travail commence à porter doucement ses fruits, y compris dans mon activité favorite. Je lis moins, mais je lis mieux, sans aucun doute : je suis plus concentrée, plus attentive, et je participe pleinement à ce que je lis. Je ne me contente plus de « passer un bon moment », de lire comme je regarde un film, d'être touchée sans forcément que l'émotion se prolonge une fois le livre refermé. Je m'aperçois que je lis davantage entre les lignes, que chaque lecture m'apporte de nouvelles idées, de nouveaux points de vue qui m'aident à me comprendre ainsi qu'à comprendre le monde qui m'entoure. Je fais des connexions inédites entre mon vécu et ce que je découvre de la vie des autres, qu'elle soit fictive ou réelle. Chaque lecture est une source à laquelle je m'abreuve de façon plus profonde, plus complète. La vérité, c'est que j'ai l'impression qu'une partie de mon cerveau s'est réveillée, une partie que j'ai toujours sentie quelque part mais qui m'était jusque là inaccessible. Et les sensations que je découvre sont tout simplement merveilleuses...

Il m'aura fallu près de 20 ans de lecture pour atteindre ce stade que je pourrai qualifier de « supérieur ». Je n'avale plus les livres, je les absorbe : chaque histoire est prétexte à me regarder moi-même... et donc à regarder l'autre, puisqu'au delà de toutes les différences qui peuvent exister entre les hommes, nous sommes avant tout humains. La quantité cède place à la qualité (bien que je suis persuadée que l'un n'exclut pas l'autre !) et cela se traduit également dans le choix de mes lectures. Des livres en anglais, des essais, des témoignages, bref, des livres qui sortent de ma « zone de confort » et qui m'emplissent de choses nouvelles. Quitte à ce que l'exercice de la chronique soit profondément différent de ce que je pratique depuis 6 ans maintenant. Quitte à ne pas chroniquer du tout, parfois. Mais cet espace est loin d'être fini, et je vois ces transformations comme autant d'opportunités à saisir, de défis à relever et de belles choses à partager, encore et toujours.

« Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe. »

Jules Renard, Journal 1894 - 1904