Lorsque les parents du jeune Jin emménagent dans une petite ville de Californie, celui-ci devient le seul élève d'origine chinoise de son école et se retrouve en butte aux moqueries et brimades de ses camarades. Jin multiplie les efforts pour se trouver des amis et tente dans un premier temps de faire oublier ses origines. Mais il réalise combien il est difficile de passer outre les stéréotypes qui lui collent à la peau. Il parviendra pourtant à trouver sa place et l'apaisement, en acceptant une part de sa culture d'origine, et surtout en s'acceptant lui-même.
Coup de coeur !
American Born Chinese, ce n'est pas seulement l'histoire d'un chinois en Amérique. C'est avant tout l'histoire de la différence, des préjugés, de la recherche de soi. C'est cela-même qui fait toute la puissance de cette petite bande dessinée, ovni graphique comme j'en ai rarement vu. Le dessin, d'un simplicité étonnante, presque dérangeante, sert à merveille un récit qui tient à la fois du conte et du voyage initiatique.
L'histoire s'ouvre sur le récit du Dieu-Singe, qui maîtrisa les arts du kung-fu ainsi que les quatre disciplines majeures ouvrant la voie à l'immortalité. Malgré ses capacités, il devint la risée du monde divin car il était un singe et ne portait pas de chaussures. Envahi par une sombre colère, il défie les dieux et est maudit, contraint à passer 500 ans sous une montagne de pierres.
Jin Wang est un petit garçon d'origine chinoise qui peine à s'intégrer dans sa nouvelle école. Chahuté par ses camarades, objet d'incessantes moqueries, il souhaite ardemment être comme les autres. Le quotidien de Danny vire à l'enfer lorsque son cousin Shing-Tok, somme de tous les clichés que l'on peut avoir sur les asiatiques, débarque dans sa vie et semble s'employer systématiquement à détruire ses habitudes.
Quel est le lien entre ces trois récits ? C'est là que la magie opère : les trois parties apparemment bien distinctes finissent pourtant par se rejoindre parfaitement dans les dernières pages, et, comme un puzzle qui s'assemble, mettent en lumière l'image ainsi formée, l'essence-même du récit. Ne cherchez pas de bons sentiments : American Born Chinese est une perle de justesse, légère et grave à la fois. L'humour, souvent grinçant, est omniprésent. L'auteur évite les écueils du sentimentalisme et de l'apitoiement tout en mettant l'accent sur des valeurs telles que l'humilité, la sagesse ou la vérité.
J'ai particulièrement apprécié les illustrations totalement différente de ce que j'ai pu rencontrer jusque là en BD. American Born Chinese se rapproche d'un cartoon grâce aux couleurs très franches, peu nuancées ou ombrées, mais surtout grâce à l'épais trait noir qui entoure les personnages et éléments du décor. La mise en case est plutôt classique mais le format original et très agréable à lire. Le tout s'allie parfaitement pour former une BD extrêmement savoureuse, intelligente, drôle et touchante, que je recommande à tous !
Si vous avez encore des doutes sur la qualité de ce petit bijou, je vous invite à détailler la liste infinie des récompenses qu'il a raflé:
- Meilleure BD de l'année pour Publishers Weekly, Booklist et Amazon.com
- Meilleur livre de l'année pour The San Fransisco Chronicle et The School Librairy Journal
- Lauréat du Michael L. Printz Award (prix de l'Association des bibliothécaires américains)
- Lauréat du Reuben Award de la meilleure BD de l'année (décerné par l'Association des cartoonists américains)
- Finaliste du National Book Award (et première BD à apparaître ainsi au palmarès du plus prestigieux des prix littéraires américains)
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