Angelino est un jeune loser comme des milliers d'autres à Dark Meat City. Il squatte une chambre d'hôtel miteuse dans le quartier latino de Rios Rosas. Ses journées monotones se traînent entre zapping télé, matchs de catch mexicain dont il est fan, petits boulots foireux et discussions métaphysiques sous les étoiles avec son pote Vinz. Un bête accident de scooter va plonger Angelino dans un ouragan d'ennuis inimaginables dont dépendra le sort de l'humanité, impliquant hommes en noirs surarmés, gangs, catcheurs mexicains et même les Machos, ces entités cosmiques vicieuses bien décidées à envahir la planète!!!!
Waouh !
Mutafukaz est typiquement la BD que je ne cesse de voir en librairie et devant laquelle je m'arrête en disant "ah, tiens, il faudrait que je lise ça !". Et c'est aussi typiquement la BD que je n'achète finalement pas pour d'obscures raisons que je serais incapable de citer moi-même. Il a donc fallu attendre 2011 pour que je mette mon nez dedans grâce au généreux prêt de Stef (merci!), et 2012 pour que j'écrive un article digne de ce nom. C'est qu'il y a tellement de choses à dire !
Par "chance" pour nous, lecteurs, le projet de Run a longtemps été refusé par les éditeurs avant Ankama, ce qui lui a permis de développer de façon incroyable aussi bien ses personnages que le cadre dans lequel ils évoluent. Son histoire s'est enrichie d'inspirations multiples, de fait divers et de sa propre expérience personnelle puisqu'il a voyagé au États-Unis avec plusieurs de ses amis et en a ramené l'idée d'une ville tentaculaire... Dark Meat City était née. A la fois imaginaire et incroyablement réelle, Dark Meat City est une cité protéiforme, actuelle, qui promène allègrement ses 17 millions d'habitants et tous les maux de notre société : ségrégation, racisme, guerres de gangs, délinquance... Run n'a finalement pas à aller bien loin pour planter son décor apocalyptique (visionnaire ?). Dans les quartiers précieusement délimités règne la loi du plus fort (et du plus malin), la loi de la rue. C'est dans ce décor cosmopolite qu'évoluent nos deux héros, Angelino, noir comme la nuit, et son ami Vinz, un curieux petit squelette au crâne enflammé. Les deux compères vivotent en enchaînant petits boulots sur petits boulots et louent un appartement miteux envahi de cafards. La routine s'effondre lorsque qu'Angelino remarque que les ombres de certaines personnes autour de lui sont d'une forme étrange... Entraînés malgré eux dans les sombres méandres d'un secret d'État, Angelino et Vinz sont obligés de fuir et de se cacher pour échapper à leurs mystérieux poursuivants. Mais ils ne comptent pas se laisser faire !
La cité, assez vaste et bigarrée pour permettre un nombre important de situations hallucinantes, acquiert au fil des pages une véritable identité. Telle une hydre, elle possède plusieurs tête et peut revêtir n'importe quelle forme, des quartiers "wasp" les plus tranquilles aux pires bas-fonds directement inspirés des favelas sud-américains. Le récit aurait finalement pu se dérouler n'importe où ; le faire prendre place à Dark Meat City est une idée de génie car il endosse une nouvelle dimension, à la fois politique et sociale. Grâce à sa cité dantesque, Run souligne avec force les travers de notre société et dote Mutafukaz d'une dimension quasi-journalistique, renforcée par de nombreuses pages de "reportage" au début et à la fin de chaque opus. A grand renfort de croquis, de réflexions et de photos, Run nous laisse entrevoir la méticulosité de ses recherche documentaires. Son style et ses influences sont très hétérogènes ; l'émerveillement est sans cesse renouvelé et la lecture vraiment très agréable. L'histoire en elle-même se révèle parfois un peu prévisible mais incroyablement rythmée.
Mutafukaz est donc une œuvre exhaustive, entière, qui permet au lecteur d'appréhender tout le talent de Run (et Dieu sait qu'il en a !) grâce à une histoire simple et entraînante. La qualité de cette série repose selon moi sur la force de la ville, personnage à part entière, qui trouve tout à fait sa place aux côtés de la galerie cosmopolite et chamarrée qui comporte pèle-mèle petits voyous, grands bandits, catcheurs, agents secrets et même extra-terrestres. Le tout enrichi de superbes fan-art, que demande le peuple ?
La cité, assez vaste et bigarrée pour permettre un nombre important de situations hallucinantes, acquiert au fil des pages une véritable identité. Telle une hydre, elle possède plusieurs tête et peut revêtir n'importe quelle forme, des quartiers "wasp" les plus tranquilles aux pires bas-fonds directement inspirés des favelas sud-américains. Le récit aurait finalement pu se dérouler n'importe où ; le faire prendre place à Dark Meat City est une idée de génie car il endosse une nouvelle dimension, à la fois politique et sociale. Grâce à sa cité dantesque, Run souligne avec force les travers de notre société et dote Mutafukaz d'une dimension quasi-journalistique, renforcée par de nombreuses pages de "reportage" au début et à la fin de chaque opus. A grand renfort de croquis, de réflexions et de photos, Run nous laisse entrevoir la méticulosité de ses recherche documentaires. Son style et ses influences sont très hétérogènes ; l'émerveillement est sans cesse renouvelé et la lecture vraiment très agréable. L'histoire en elle-même se révèle parfois un peu prévisible mais incroyablement rythmée.
Mutafukaz est donc une œuvre exhaustive, entière, qui permet au lecteur d'appréhender tout le talent de Run (et Dieu sait qu'il en a !) grâce à une histoire simple et entraînante. La qualité de cette série repose selon moi sur la force de la ville, personnage à part entière, qui trouve tout à fait sa place aux côtés de la galerie cosmopolite et chamarrée qui comporte pèle-mèle petits voyous, grands bandits, catcheurs, agents secrets et même extra-terrestres. Le tout enrichi de superbes fan-art, que demande le peuple ?
Fan-art de Dav Guedin |
Mutafukaz (1 à 3), Run
Éditeur : Ankama
Collection : Label 619
Paru en 2006, 2007 et 2010
14.90 € chaque tome
Paru en 2006, 2007 et 2010
14.90 € chaque tome
Tome 1 : Dark Meat City
93 pages
ISBN 978-2-952450942
Tome 2 : Troublants Trous Noir
124 pages
Je crois que tu me tentes! :-)
RépondreSupprimer@ Valeriane : c'est un truc à découvrir, c'est sûr ! Après je pense qu'on aime ou pas l'univers de Run, mais c'est une autre histoire... :)
RépondreSupprimerJ'irai le feuilleter pour voir :-)
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