Enid doit faire dix-sept pas de l'abribus jusqu'à l'impasse de l'Atlantique qui mène à sa maison, la Vill'Hervé. Un de moins que l'été dernier. La preuve que ses jambes allongent, donc qu'elle a grandi. N'empêche qu'elle est toujours la plus petite des cinq soeurs Verdelaine. Personne ne la croit quand elle dit qu'elle a entendu un fantôme hurler dans le parc et faire de la musique. Ni Charlie, trop occupée à réparer Madame Chaudière pour l'hiver et à arrêter de fumer pour faire des économies. Ni Bettina et ses copines Denise et Béhotéguy, dites DBB (la Division Bête et Bouchée), concentrées sur leur nombril. Ni Geneviève, mobilisée par son propre secret très difficile à préserver. Ni Hortense, plongée dans la rédaction de son journal intime. Ni Tante Lucrèce qui n'écoute qu'Engelbert Humperdinck, son crooner préféré. Ses parents la croiraient peut-être, mais ils sont morts depuis dix-neuf mois et vingt-deux jours. Swift, sa chauve-souris, l'écouterait sûrement mais elle a disparu dans la tempête, la nuit où le vieux sycomore du parc s'est mis à faire le poirier au fond du puits. Il faut qu'Enid se résigne : « Convaincre les grands, c'est comme vouloir qu'un chewing-gum mâchouillé une heure conserve son goût du début. »
Waouh !
C'est grâce au challenge de Luthien, "Lecture et Liberté", que j'ai décidé de me replonger dans cette quadrilogie qui a marquée mon enfance. Je lui dois donc un grand merci car cette relecture s'est révélée être aussi plaisante que dans mes souvenirs, malgré toutes ces années qui ont passé. Ce petit roman se dévore en une seule bouchée, et on en redemande !
Séduite, je le suis d'abord par la plume de Malika Ferdjoukh, dynamique et savoureuse, pleine d'inventivité. Lorsque l'on ouvre Enid, on est instantanément frappé par les noms propres. Lieux ou personnages, tout est prétexte à s'amuser avec les mots et leurs significations. Croiser des Clovis, Colombe, Béhotéguy ou Guillemette, cela ne nous arrive pas tous les jours (heureusement d'ailleurs !) mais nous convainc définitivement de la malice et le l'imagination de l'auteur. Cela permet surtout de dé-temporaliser le roman et de l'inscrire par-là même dans la durée : sorti en 2003, ce premier tome n'a pas pris une ride et pourra se lire sans souci dans 30 ans sans paraître démodé.
Écrit à la troisième personne, Enid se focalise néanmoins sur les impressions de la fillette éponyme qui, du haut de sa petite dizaine d'années, est la cadette d'une fratrie de 5 sœurs : Charlie, 23 ans, chargée de s'occuper de toute la famille depuis le décès de leurs parents, Geneviève, calme et pondérée, Bettina, l'adolescente turbulente et enfin Hortense, qui passe ses journées le nez plongé dans ses livres. Pas facile de vivre chez les Verdelaine, entre les soucis de chacune et la vieille villa qui grince ! Malika Ferdjoukh décrit avec tendresse le quotidien de cette famille pas comme les autres, où chaque petit évènement entraîne des conséquences inattendues. Conseillé pour les jeunes de 12 à 16 ans, Enid peut également se lire par bien des plus vieux qui apprécieront le travail sur la langue et les personnages hauts en couleur, terriblement attachants.
Quatre sœurs (1) : Enid, Malika Ferdjoukh
Éditeur : L'École des Loisirs
Collection : Médium
Paru en 2003
139 pages
8 €
Je l'ai relu il y a peu. C'était aussi un roman de mon enfance et je dois dire que ça m'émeut toujours quand quelqu'un en parle. Comme tu le dis, on sent toute la malice de l'auteur et d'une histoire toute simple, elle fait un véritable conte moderne aux personnages attachants.
RépondreSupprimerJe suis tellement contente d'avoir pris l'initiative de les relire, j'ai encore trois tomes de plaisir devant moi ! :)
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé ces 4 soeurs.
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