Dans un futur proche où le tarissement des énergies fossiles a radicalement modifié la géopolitique mondiale, la maîtrise de la bio-ingénierie est devenue le nerf d'une guerre industrielle sans merci. Anderson Lake travaille à Bangkok pour le compte d'un géant américain de l'agroalimentaire. Il arpente les marchés à la recherche de souches locales au coeur de bien des enjeux. Son chemin croise celui d'Emiko, la fille automate, une créature étrange et belle, créée de toutes pièces pour satisfaire les caprices décadents des puissants qui la possèdent, mais désormais sans plus d'attaches.
Ces dernières années, la SF a pris de plus en plus de place sur ce blog (et c'est tant mieux). A présent, je me dirige spontanément vers le rayon des littératures de l'imaginaire lorsque je rentre en librairie, et j'essaie de lire au maximum les ouvrages primés car je sais que contrairement aux prix type Nobel ou Goncourt, j'ai de grandes chances d'apprécier ma lecture. Je ne pouvais donc pas passer à côté de ce roman qui a remporté - excusez-moi du peu - 7 prix, et pas des moindres !
Je ressors de cette lecture contentée, mais pas forcément enchantée. Que l'on soit bien clair : La fille automate est de la bonne, de la très bonne SF même. Je tire mon chapeau à Paolo Bacigalupi qui a su construire une anticipation sophistiquée et opulente, incroyablement réaliste, qui tient parfaitement debout (jusqu'à en faire froid dans le dos). Mais j'ai eu franchement du mal à accrocher à l'ambiance...
Dès le début, le lecteur est plongé dans un monde assez déstabilisant : ce qu'il a connu n'est plus, mais ce qu'il a sous les yeux n'est pas si éloigné de notre réalité. Anderson Lake est un blanc, un farang venu travailler à Bangkok, seule cité d'Asie qui n'a pas été engloutie par la brusque montée des océans et où le commerce, légal ou non, est encore florissant. Officiellement, il reprend une usine qui tente tant bien que mal de produire des piles énergétiques à base d'une solution d'algues. Oubliés, charbon et électricité : le gaz et les joules produites par l'effort humain ou animal sont les seules énergies encore exploitées. Officieusement pourtant, Anderson Lake a une mission bien plus importante : découvrir d'où viennent tous ces mystérieux fruits et légumes qui inondent les marchés de la ville... L'auteur dresse en effet un monde où les maladies se sont adaptées plus rapidement que les OGM ; résultat, la quasi-totalité des pays du monde, dépendants de souches modifiées, ne peut assumer son autonomie alimentaire et doit se contenter de céréales toujours plus artificielles pour survivre.
Je ressors de cette lecture contentée, mais pas forcément enchantée. Que l'on soit bien clair : La fille automate est de la bonne, de la très bonne SF même. Je tire mon chapeau à Paolo Bacigalupi qui a su construire une anticipation sophistiquée et opulente, incroyablement réaliste, qui tient parfaitement debout (jusqu'à en faire froid dans le dos). Mais j'ai eu franchement du mal à accrocher à l'ambiance...
Dès le début, le lecteur est plongé dans un monde assez déstabilisant : ce qu'il a connu n'est plus, mais ce qu'il a sous les yeux n'est pas si éloigné de notre réalité. Anderson Lake est un blanc, un farang venu travailler à Bangkok, seule cité d'Asie qui n'a pas été engloutie par la brusque montée des océans et où le commerce, légal ou non, est encore florissant. Officiellement, il reprend une usine qui tente tant bien que mal de produire des piles énergétiques à base d'une solution d'algues. Oubliés, charbon et électricité : le gaz et les joules produites par l'effort humain ou animal sont les seules énergies encore exploitées. Officieusement pourtant, Anderson Lake a une mission bien plus importante : découvrir d'où viennent tous ces mystérieux fruits et légumes qui inondent les marchés de la ville... L'auteur dresse en effet un monde où les maladies se sont adaptées plus rapidement que les OGM ; résultat, la quasi-totalité des pays du monde, dépendants de souches modifiées, ne peut assumer son autonomie alimentaire et doit se contenter de céréales toujours plus artificielles pour survivre.
Flippant, n'est-ce pas ? Cette main-mise mondiale sur les semences, ça vous rappellerait pas quelque chose ? Je vais le dire tout de suite : j'ai été scotchée par le réalisme et la justesse des pistes que Paolo Bacigalupi explore. Ce scénario catastrophe ne paraît pas tant éloigné... Ultra-poussée, la fiction l'est dans ses moindres détails. Les personnages, aux liens complexes et pas toujours évidents au premier abord, mais dont chaque actes même le plus insignifiant, provoque de grandes conséquences et modifie le quotidien des autres ; la ville de Bangkok, véritable cité-état, régie par une politique sophistiquée et aux problématiques sociales et économiques multiples et délicates ; la lutte de pouvoir entre grandes firmes agro-alimentaires... tout est minutieusement construit, et le travail est titanesque.
Voilà pour les éloges (et il y en a !). Pourquoi alors cette appréciation globale un peu tiède ? Tout simplement car j'ai eu du mal à m'immerger complètement dans le récit, notamment dans cette ambiance cosmopolite très particulière. La culture asiatique, à laquelle je suis, je dois l'avouer, assez hermétique, est omniprésente, et s'enrichit de nombreuses croyances et religions hétéroclites. Prenez toute l'Asie, secouez-là un bon coup, et vous voilà plongés dans cette nouvelle Bangkok où tentent de cohabiter tant bien que mal Thaïlandais, Malaisien, Chinois, Japonais... C'est à en perdre son latin ! D'autant que de nombreux termes ne sont pas traduits, et cela m'a parfois posé de réels problèmes de compréhension. Finalement, j'ai vraiment eu l'impression d'être moi-même une farang, complètement dépassée et perdue par cet ailleurs trop étrange... Je vous conseille pourtant sans retenue de lire ce grand récit de SF, intelligent et bien mené, crédible de bout en bout.
La fille automate, Paolo Bacigalupi
Éditeur : J'ai Lu
Collection : Science Fiction
Paru en 2013
638 pages
8 €
ISBN 978-2-290-03266-4
Prix Nebula du meilleur roman 2009
Prix Hugo du meilleur roman 2010
Prix Locus du meilleur premier roman 2010
Prix John Wood Campbell Memorial 2010
Prix Planète SF des blogueurs 2012
Grand prix de l'Imaginaire 2013
Prix Bob-Morane 2013
Prix Nebula du meilleur roman 2009
Prix Hugo du meilleur roman 2010
Prix Locus du meilleur premier roman 2010
Prix John Wood Campbell Memorial 2010
Prix Planète SF des blogueurs 2012
Grand prix de l'Imaginaire 2013
Prix Bob-Morane 2013
J'avais beaucoup aimé ce livre, effectivement tellement réaliste que c'en est effrayant. J'avais été très touchée par le personnage d'Emiko aussi.
RépondreSupprimerJ'ai décidément très envie de le lire :D !!
RépondreSupprimer@Zina : oui, je crois que c'est le personnage que j'ai préféré car elle est mine de rien bien plus humaine que ses concitoyens...
RépondreSupprimer@Selvegem : ben y a plus qu'à ! :D
Tu as bien fait d'insister sur le fait qu'il faut être prêt à se plonger littéralement dans la culture asiatique, car même si j'avais lu quelques retours, cela ne me paraissait pas aussi "prégnant". Et comme toi, je ne connais que très peu. Au moins, si je l'attaque, je saurai à quoi m'attendre :)
RépondreSupprimerJe ne sais pas pourquoi, mais je suis scotchée devant la couverture, elle est sublime ! A en lire ton avis, ce livre pourrait me plaire ! J'essaie de me familier avec la SF qui m'est assez étrangère pour l'instant.
RépondreSupprimer@Acr0 : ah pourtant ça imbibe littéralement toutes les pages ! C'est sûr qu'il faut être prêt à se plonger complètement dedans :)
RépondreSupprimer@Kathleen : je trouve aussi, d'ailleurs c'est ça qui m'a attiré en premier. J'espère qu'il te plaira, ce n'est peut-être pas le livre le plus évident pour se familiariser avec la SF...