Dans les années cinquante, Stevens, majordome de grande maison anglaise, décide de rendre visite à miss Kenton, une ancienne gouvernante avec laquelle il a entretenu jadis une " remarquable entente professionnelle". Au cours de son voyage, il se remémore ses vingt-cinq années de bons et loyaux services auprès de sa seigneurie Lord Darlington, aristocrate et diplomate, sans vouloir s'avouer que son maître s'est fait manipuler par les Allemands avant la guerre. Parce qu'il a refusé de laisser parler ses sentiments, Stevens aurait-il gâché sa vie ?
Les vestiges du jour est la grosse surprise de ce début d'année ! J'ai entendu parler de ce titre lors de mes études à l'IUT, en cours de littérature étrangère. Cependant, n'ayant pas spécialement d'affinité avec nos amis outre-manche, j'avais préféré me concentrer sur la littérature africaine à laquelle je suis particulièrement réceptive et à la littérature allemande (pour le coup, j'aurais mieux fait de me trancher un bras, ç'aurait toujours été plus joyeux que les histoires germaniques...). Néanmoins, Les vestiges du jour est un titre qui me trotte dans la tête depuis, et j'ai profité du challenge ABC 2012 pour me décider enfin à le lire.
En lisant la 4° de couverture, je me suis d'abord dit : raaaaaah mais chier zut, tu t'es encore débrouillé pour choisir un titre à mille lieues de ce qui te plaît d'habitude...". Soyons clairs : les histoires de majordomes et femmes de chambre anglais, "l'étiquette", les convenances et l'aspect fondamentalement rigide (maniaque ?) des aristocrates britanniques, très peu pour moi. Et pourtant... Je ne saurais pas dire avec exactitude ce qui m'a séduit dans ce roman, car si j'essaie d'analyser avec neutralité tant l'histoire que la construction de ce récit, je n'y trouve rien de bien palpitant. Pour tout dire, la capacité extraordinaire de digression de Stevens (qui n'est pas sans me rappeler celle de ma prof d'anglais d'IUT d'ailleurs) aurait même tendance à m'agacer. Mais le fait est là : j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Certainement grâce au style, très recherché et pourtant fluide, qui correspond parfaitement à l'idée que je me faisais d'une conversation d'un butler anglais à cette époque. Là se trouve à mon avis la force de ce roman : l'auteur a la capacité incroyable de nous transporter dès les premières pages dans l'atmosphère feutrée et pompeuse de Darlington Hall, la demeure d'un lord.
Dès lors, et assez étrangement, on arrive à se prendre d'affection pour Stevens et toute la maisonnée. Les évènements politiques ne sont que la trame de fond de l'histoire, davantage chronique du quotidien des gens de maison, mais ils permettent d'ancrer le récit dans la réalité et se révèlent assez intéressants. De même, le voyage de Stevens n'est qu'un prétexte à l'évocation de souvenirs ; et sa conclusion peut sembler décevante si l'on en attend vraiment quelque chose. Malgré tout, je ressors de cette lecture agréablement surprise et, je dirais même, "dépaysée". Contre toute attente, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, et je me suis parfois sentie proche de Stevens en dépit de tout ce qui nous sépare, car il développe des concepts qui peuvent sembler surannés mais qui restent très nobles et avec lesquels je suis entièrement d'accord. Le récit possède en outre une petite touche d'ironie qui n'est pas déplaisante. Une jolie découverte !
Les vestiges du jour, Kazuo Ishiguro
Éditeur : Calmann-Lévy
Paru en 2001
268 pages
12.85 €
Retrouvez mon avis sur le blog du Challenge ABC 2012
J'ai envie de le lire depuis longtemps déjà ! Est-ce que tu as vu le film aussi ?
RépondreSupprimerDepuis que j'ai découvert la série Downton Abbey et le film Gosford Park, je me suis prise d'une passion pour justement "l'étiquette rigide" anglaise, les lords et les majordomes. Je note le livre !
RépondreSupprimerj'avais beaucoup aimé le film, il faudra que je tente le livre un jour
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