Cela fait maintenant un an que Zack Overkill, super-criminel repenti, a quitté le programme de protection des témoins pour débuter une nouvelle vie au service du Bien. Mais rapidement, il comprend que travailler pour le gouvernement n’a rien de bien différent. Aussi, comment réagira-t-il lorsqu’on l’immergera à nouveau au coeur du milieu dans lequel il a grandit, à la recherche d’un agent double instable ?
Coup de coeur !
J'avais tellement apprécié le premier tome que je redoutais autant que j'attendais avec impatience le deuxième. Mes craintes se sont encore accrues lorsque j'ai lu la quatrième de couverture, qui laissait entendre une suite pour la suite, sans réel lien avec l'histoire originelle. Heureusement, ça n'a pas été le cas du tout, et ce deuxième opus est une réussite totale !
Nous replongeons dès les premières pages dans l'ambiance si particulière qui fait la force de ce comic, à la fois sombre, malsaine et jubilatoire. Zack Overkill est désormais un agent du bien, mais cela lui importe peu : bien, mal, quelle différence du moment qu'il peut à nouveau se servir de ses pouvoirs ? Il y a toujours des types à liquider : voilà l'information essentielle. Mais Zack supporte mal la vie "normale" qu'il doit entretenir parallèlement à ses activités : payer le loyer, faire les courses, éviter sa vieille voisine un peu trop fouineuse... Les évènements se précipitent lorsqu'un vieillard tente de le tuer dans la rue, en plein jour. Zack découvre alors une autre facette de son mystérieux passé...
Avec ce deuxième tome, Ed Brubaker joue sur tous les tableaux. Il continue de développer l'intrigue autour des origines de Zack mais étoffe aussi le monde qu'il a créé en y incluant de nouvelles dimensions : guerres de gangs, luttes pour le pouvoir, recherche de la vérité, tractations politiques... Le scénario est riche de rebondissements et ne souffre d'aucun temps mort. Nous assistons, aux côtés de Zack, aux calculs multiples de toutes les forces qui s'opposent, se lient, se déchirent, à la guerre des intérêts de chacun, et, comme lui, nous sommes baladés et manipulés du début à la fin. Ed Brubaker a su ménager le suspense et disperser son récit de façon à nous surprendre à toutes les pages sans jamais nous égarer. Drôlement machiavélique, et surtout très réussi !
Le trait de Sean Phillips sert toujours admirablement bien le récit. Comme pour le premier tome, j'ai mis quelques pages à m'y habituer, mais je suis finalement conquises par les jeux d'ombre et de lumière, le trait noir épais qui cisaille les personnages et les couleurs parfois criardes qui imposent des ambiances hors du commun. Comme Projet Overkill, Mauvaises influences est découpé en chapitres qui correspondent aux numéros américains. Ce découpage est l'occasion d'une vignette particulièrement soignée, dans la veine de la couverture. Véritables tableaux, ces images permettent de rompre le récit et d'introduire de nouvelles informations.
Mauvaises influences est donc un deuxième tome à la hauteur du premier, moins centré sur le côté pouvoirs et paranormal, davantage sur les magouilles des bandes rivales. La personnalité de Zack est très bien exploitée ; on se surprend à ressentir des émotions pour lui telles que de la compassion, sentiment absent du premier opus. Incognito s'impose donc comme un comic fouillé, rythmé et bien écrit. Un bijou !
Incognito (2) : Mauvaises influences, Ed Brubaker & Sean Phillips
Éditeur : Delcourt
Paru en 2011
124 pages
14.95 €
ISBN 9782756023571
7/30
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