Dans un archipel du Pacifique Sud ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite une population où les droitiers ne sont plus que l'exception.
Mais là n'est pas le plus important. Cette minuscule société, fondée par des utopistes français en 1885, s'est donné pour but de répondre à une colossale question : comment fait-on pour aimer ? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. C'est l'endroit du monde où l'on trouve, entre les hommes et les femmes, les rapports les plus tendres. Voilà ce que vient chercher, dans l'île des Gauchers, Lord Jeremy Cigogne.
A trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour véritable. A trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir son époux. Dans cette réalité à l'envers où tout est à l'endroit, Cigogne et Emily se délivrent non sans mal de leurs habitudes et tentent l'aventure de se combler en suivant les coutumes et les rites étonnants du petit peuple des Gauchers.
J'ai aimé !
Ah, zut, une histoire d'amour(s)... Voilà la première chose que je me suis dite en lisant la quatrième de couverture, réflexion aussitôt suivie par "mais pourquoi je regarde jamais les synopsis des bouquins que je mets dans mes challenges ?!". Et bien tant mieux, puisque je ne me serais jamais dirigé vers ce sublime ouvrage si j'avais pris connaissance de son thème avant, et ç'aurait été passer à côté d'une bien belle découverte ! Pleine de réticences, j'ai pourtant vaillamment attaqué ma lecture, et le miracle s'est produit au bout de quelques pages seulement. Alexandre Jardin a su me toucher au plus profond de mon être grâce à cette histoire à la fois drôle, lucide, belle et cruelle. Ce récit fait écho à des sentiments et des sensations que j'ai pu vivre ou que je vis encore, voilà sans nul doute la raison pour laquelle L'île des gauchers m'a émue et profondément troublée alors que l'époque ou les personnages sont bien éloignés de mon histoire.
Le récit est merveilleusement servi par une langue imagée, riche, virtuose ; la lecture de ce roman est un véritable délice pour les yeux et les oreilles. Le style est fluide et recherché, savoureux, notamment grâce aux décalages de ton que l'auteur emploie. Résolument sérieux, ce roman porte pourtant en lui un comique burlesque insoupçonné dont je suis très friande. Cela passe, par exemple, par les listes interminables et à se tordre de rire des objets fabriqués sur-mesure pour Lord Cigogne ou par le charme à la fois ridicule et touchant d'Algernon, le majordome terriblement anglais (l'auteur nous fait d'ailleurs remarquer qu'en ses veines coule du thé, mais avec un nuage de lait, please.)
Le sujet est admirablement bien traité. Les réflexions sont pertinentes, qu'elles concernent l'amour ou le monde dans lequel nous vivons. La dimension politique est omniprésente mais n'empiète jamais sur le thème principal, à savoir "comment devenir un vrai mari ?". L'auteur jette un regard extrêmement lucide sur les travers de nos sociétés européennes (en témoigne mon extrait qui fait envie [17]), et toutes ses réflexion pourraient être citées car elles m'ont semblé toutes plus justes les unes que les autres.
Le sujet est admirablement bien traité. Les réflexions sont pertinentes, qu'elles concernent l'amour ou le monde dans lequel nous vivons. La dimension politique est omniprésente mais n'empiète jamais sur le thème principal, à savoir "comment devenir un vrai mari ?". L'auteur jette un regard extrêmement lucide sur les travers de nos sociétés européennes (en témoigne mon extrait qui fait envie [17]), et toutes ses réflexion pourraient être citées car elles m'ont semblé toutes plus justes les unes que les autres.
J'ai trouvé en revanche quelques redondances concernant certaines idées, expliquées autrement, soit, mais assez similaires dans le fond. J'ai également vu venir de loin le rebondissement final, ce qui, sans complètement gâcher ma lecture, m'a un peu déçue. Au final, j'ai passé un très bon moment de lecture, très vivant. J'ai véritablement fait corps avec ce récit, et nul doute que je m'en souviendrai longtemps !
L'île des gauchers, Alexandre Jardin
Éditeur : Gallimard
Parue en 1995
342 pages
22.95 €
ISBN 2070740307
20/26
C'est super que tu aies finalement apprécié ce livre : personnellement je suis une lectrice bornée, alors quand ça ne me plait pas au début, il y a de fortes chances que ça ne me plaise pas après...
RépondreSupprimerTu me donnes envie de le découvrir en tout cas !
Intéressant tout ça! Peut être que je lirai ce roman un jour. Le pitch m'intéresse. Les redondances, moins :D
RépondreSupprimerBon, bah tu m'as convaincu, j'en avais jamais entendu parlé et je viens de l'emprunter. Pratique de bosser dans une médiathèque !
RépondreSupprimerCa a l'air génial ! Moi non plus je ne suis pas portée romance mais tu m'a qd mm donné envie. Merci de la découverte.
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