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07 janvier 2017

À la place du cœur (saison 1), Arnaud Cathrine

 
Ce soir, Caumes a 17 ans et attend le déluge. Il ne sait qu'une chose : à la fin de l'année, il quittera sa ville natale pour rejoindre son frère aîné à Paris. Paris, la ville rêvée. Ce soir, Caumes a 17 ans et attend aussi le miracle qui, à son grand étonnement, survient : Esther – sujet de tous ses fantasmes – se décide enfin à lui adresser plus de trois mots, à le regarder droit dans les yeux et à laisser deviner un "plus si affinités"… Nous sommes le mardi 6 janvier 2015 et le monde de Caumes bascule : le premier amour s'annonce et la perspective obsédante de la "première fois". Sauf que le lendemain, c'est la France qui bascule à son tour : deux terroristes forcent l'entrée du journal Charlie Hebdo et font onze victimes…


En cette toute fin 2016, rien ne me préparait au choc Arnaud Cathrine. Je n'avais même pas regardé La grande Librairie, où il était invité le 8 décembre en compagnie de Susie Morgenstern, Clémentine Beauvais, Claude Ponti et Frédéric Lenoir.

Dans la diversité de la littérature (fictive ou non) parue après les attentats, j'avais déjà pu découvrir les très bons Little Sister de Benoît Séverac ainsi que Et mes yeux se sont fermés de Patrick Bard ; rien d'étonnant donc à ce que je me dirige vers le roman d'Arnaud Cathrine car j'apprécie particulièrement toutes les histoires qui touchent au réel et qui nous retournent.

"Retourner", le mot est faible pour décrire l'émotion que j'ai ressentie tout au long de ma lecture. Arnaud Cathrine a l'art et la manière de nous plonger dans le quotidien d'un grand ado, de nous décrire de façon simple et percutante les grands bouleversements de cet âge. Construit presque comme un journal, son roman nous décrit jour par jour la semaine fatidique, celle qui voit naître les plus grands espoirs et bonheurs de son héros ainsi que la terrible tristesse et l'angoisse qui s'emparent de la nation.

Aux prises avec des sentiments éminemment contradictoires, Caumes voit se cristalliser toutes les tensions dans le microcosme de son lycée : des clans se crééent entre les étudiants, des consciences s'éveillent, des langues se délient et l'irréparable est commis... C'est le cœur de plus en plus serré que j'ai continué ma lecture, avec cette intuition profonde que les dernières pages seraient décisives : elles sont encore plus que ça.

Vous l'aurez compris, c'est avec une finesse hors normes et une profonde compréhension de l'âme humaine qu'Arnaud Cathrine tisse son roman. Il parvient à mêler histoire personnelle et histoire collective, chaque partie éclairant l'autre d'un regard nouveau. Les mots sonnent justes et font écho à chaque instant à ce que nous avons pu ressentir cette fameuse semaine, le regard collé aux chaines d'informations, envahi d'un sentiment d'urgence de vivre.

Cela faisait des années que je n'avais pas été aussi bouleversée par une lecture, et c'est seulement presque trois semaines après que je parviens non seulement à en écrire quelques lignes mais aussi à reprendre une activité de lecture régulière tant tout ce que j'ai tenté ensuite me paraissait fade et décoloré. C'est vous dire le blast de cette lecture, que je ne saurais que trop vous recommander...

À la place du cœur (saison 1), Arnaud Cathrine
Éditeur : Robert Laffont
Collection : R
Paru en 2016
252 pages
16 €
ISBN  9782221193334

18 octobre 2015

Bluebird, Tristan Koëgel

Minnie est la fille d'un musicien qui chante le blues sur les routes du Mississippi. Elwyn est le fils d'un Irlandais, le contremaître d'une immense plantation. Quand ces deux-là se rencontrent, ils tombent amoureux. Mais dans l'Amérique des années 1940, en pleine ségrégation, qui oserait croire que leur histoire est possible ?

Minnie vit depuis son enfance sur les routes avec son père. Songmen, il a tourné le dos au travail harassant dans les plantations pour devenir musicien itinérant. Tout plutôt que ramasser la fleur de coton ! Aujourd'hui, Minnie a 13 ans, et joue de l'harmonica pour accompagner son papa. Mais lorsqu'ils entrent dans cette plantation, le jour funeste où Minnie s'est tordu la cheville, ils ne se doutent pas qu'ils entrent chez le diable lui-même... Après un terrible coup du sort, Minnie est contrainte de s'enfuir à Chicago, où elle espère bien réaliser son rêve : enregistrer un disque !

Vous l'aurez compris, Bluebird est un roman musical. Je vous conseille d'ailleurs de le lire à proximité d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un téléphone afin que vous puissiez profiter pleinement de tous les morceaux auxquels l'auteur fait référence tout au long du récit. Moi qui ai littéralement baigné dans le blues depuis ma naissance, c'est un plaisir sans nom de redécouvrir tous ces titres, parfois dans des versions que je ne connaissais pas. Mais parlons un peu de l'histoire maintenant !

Si la quatrième de couverture laisse présager une histoire d'amour, Bluebird est loin de se réduire à une simple romance entre adolescents. Prenant corps dans les années 1940 dans un état ségrégationniste, le récit alterne les points de vue de trois personnages principaux : Minnie, évidemment, Alwyn, fils d'immigrés irlandais et Nashoba, un indien américain déraciné. Et ce qui m'a beaucoup plus dans ce roman, outre sa bande son du tonnerre, c'est que tout y est affaire de masques. Dans un contexte où le moindre geste ou la moindre parole peut vous faire tuer, chacun doit travestir ce qu'il est en réalité et avance à visage caché. Au fur et à mesure du récit, on découvre alors que rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît, ou, n'y voyez pas là un mauvais jeu de mots, rien n'est aussi noir ou aussi blanc que l'on croît.

Chaque personnage possède une histoire complexe qui montre à quel point les préjugés, la peur et l'agressivité ont gouverné pendant des années. Mais ne vous y trompez pas : Bluebird est un récit dans la plus pure tradition romanesque. L'héroïne, que l'on croit parfois brisée ou vaincue, se relève toujours de ses cendres et fini par remporter la victoire. Ce sera d'ailleurs mon petit bémol pour cette histoire aux coïncidences parfois un peu trop heureuses à mon goût. Le réalisme s'arrête où commence le happy end... Malgré tout, j'ai beaucoup aimé ce roman choral aux thèmes variés qui ne manquera pas de vous donner envie d'en savoir plus sur le blues, le panorama musical de ces années là, le travail dans les plantation, l'immigration irlandaise ou encore le Ku Klux Klan... Ou peut-être tout cela à la fois !
Quand tu joues le blues, Minnie, c'est comme si tu riais et pleurais en même temps. Le blues, c'est comme un tout petit nuage dans un ciel d'après-midi. Un petit nuage, tout fin, tout blanc, mais qui te serre le ventre, sans que tu saches trop pourquoi. Tu comprends ? Mais le blues, c'est aussi comme une éclaircie qui traverse un orage ou comme une cerise juteuse sur un gâteau trop sec. Ça... ça oeut te faire rire aux éclats quand tu devrais tomber, les genoux dans la boue. Tu vois ?

Et c'est l'occasion pour moi de vous partager deux de mes morceaux de blues préférés... N'hésitez pas à me donner les vôtres !

Howlin' Wolf - Smokestack Lightning
John Lee Hooker & Bonnie Raitt - I'm in the mood

Bluebird, Tristan Koëgel
Éditeur : Didier Jeunesse
Paru en septembre 2015
315 pages
14.20 €
ISBN 9782278081608

21 juin 2015

La vie rêvée d'Eve (1), Anna Carey

USA 2032. Seize ans après qu'un virus mortel a décimé la Terre, hommes et femmes vivent séparés. Eve, 18 ans, n'a jamais quitté l'enceinte de son école. Elle pense qu'un avenir radieux l'attend, jusqu'à ce qu'elle découvre la terrible vérité : les jeunes diplômées sont enfermées dans une clinique où elles enchaînent les maternités pour repeupler le monde dévasté. Horrifiée, Eve s'enfuit. Commence alors un voyage solitaire et périlleux à travers la Zone, où elle doit éviter les chiens sauvages et les hommes qui la terrifient. 
Jusqu'au jour où elle rencontre Caleb, un jeune rebelle qui gagne peu à peu sa confiance... puis son coeur. Mais dans ce monde ravagé, l'amour est un luxe qu'Eve ne peut se permettre. Sauf à le payer très cher.

A priori, le résumé n'avait rien de très novateur... Un énième roman post-apocalyptique. Et un mauvais, en plus... A croire que les auteurs ado/YA n'ont plus d'autre sujet que la survie d'un groupe d'adolescents dans un monde ravagé !

J'ai beau être relativement bon public, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Et La vie rêvée d'Ève, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Comme je suis un peu maso, je me suis accrochée pour terminer ma lecture, histoire de pouvoir en dire du mal en toute conscience ;) Plus sérieusement, en règle générale je n'aime pas spécialement descendre des histoires et encore moins les personnes qui les ont écrites, mais il faut bien avouer qu'il existe des choses tout simplement mauvaises. Après la lecture du premier chapitre, mon opinion était déjà forgée : non seulement l’ouvrage pèche par son scénario bien trop convenu, mais il n'est même pas sauvé par son écriture.

Récapitulons : Ève est une adolescente belle, intelligente, et terriblement douée dans tout ce qu'elle entreprend. Et surtout : elle est absolument parfaite, à tel point qu'on a envie de lui mettre des claques dès la troisième page. On croirait regarder une partie de Sims ! Et, comme par hasard, elle découvre la veille de sa remise de diplôme que le bâtiment dans lequel elle doit réaliser son brillant futur est en fait une maternité géante où l'on enferme toutes les jeunes femmes afin qu'elles repeuplent la terre. Et là, le scepticisme me submerge. Ce fameux bâtiment est situé JUSTE A COTÉ de l'école. Ben oui, mettez-le encore plus près, histoire que tout le monde s'aperçoive de l'horrible secret qu'il renferme ! Et il n'est séparé de toutes ces adolescente que par... attention... un étang ! Et là, je suis censée croire que jamais aucune adolescente tiraillée par la curiosité n'a essayé de voir ce qu'il y avait à l'intérieur ? Et que c'est Ève, la première de la classe, qui tombe du lit un soir et brave toutes les interdictions pour aller fourrer son nez là-bas ?

Maisouibiensûr. Perplexité et agacement, ce sont les deux sentiments qui ont dominé cette lecture, et qui ont crû au fur et à mesure que les pages défilaient. Tout est trop facile, trop providentiel, trop évident. Tellement, que ça en devient risible. L'auteure espère-t-elle vraiment convaincre qui que ce soit avec des débuts de chapitres qui ressemblent à :"après 6 jours passés seule dans une forêt hostile, Eve [qui n'a JAMAIS fait un truc aussi dangereux que monter deux marches à la fois] est un peu fatiguée." L'absence totale de réalisme m'a complètement hérissée, et je ne parle même pas de l'histoire d'amour prévisible et mièvre au possible. Tous les rebondissements m'ont semblé plus farfelus les uns que les autres, et la dernière page est arrivée comme une délivrance.

La vie rêvée d'Ève ? C'est surtout le cauchemar de Livr0ns-n0us. En bref, 256 pages dont vous pouvez largement vous passer.

La vie rêvée d'Eve (1), Anna Carey
Éditeur : Poket Jeunesse
Collection :
Paru en mai 2015
256 pages
16.90 €
ISBN 978-2-266-21891-7
De la (bonne) SF :


25 mai 2015

Un océan d'amour (one-shot), Wilfrid Lupano & Grégory Panaccione

Chaque matin, le pêcheur emprunte sa petite embarcation et s'en va travailler en mer. Mais ce matin, c'est lui qui est pêché. Emporté par un chalutier industriel, son canot traverse l'Atlantique. Sur la grève, sa femme attend. Déjà les commères prédisent la mort du pêcheur, mais la vieille sorcière qui lit dans les crêpes l'a vu à Cuba. Convaincue que son homme est toujours vivant, la bigoudène se lance seule dans une mission de sauvetage improbable.

Attention, gros coup de cœur pour cette bande dessinée muette qui se dévore malgré ses quelques 225 pages ! Avant même de l'ouvrir, j'étais déjà emballée. La faute à cette quatrième de couverture en forme d'étiquette alimentaire :


Un peu surprise, amusée et déjà séduite, j'ai plongé dans cette BD comme le vieux pêcheur dont il est question brave la mer tous les matins. Mais ce jour là, une bien mauvaise surprise l'attend : sortant de la brume, un énorme chalutier l'accroche. Le gigantesque filet se coince dans l'hélice de la petite embarcation de notre héros et l'entraîne petit à petit au large. Lorsqu'il parvient à s'en dépêtrer, le bateau est fichu, et notre petit bonhomme se retrouve livré à lui-même, à la dérive, loin de tout rivage... et de sa femme bien aimée. Restée à terre, celle-ci attend son Jules, en vain ! Refusant d'envisager le pire, elle consulte une voyante qui l'envoie retrouver son cher et tendre... à Cuba ! Foi de bigoudène, notre héroïne ne se laissera pas abattre et bravera tous les dangers pour retrouver l'élu de son cœur !

Avec ce road-trip (ou plutôt sea-trip) tendrement loufoque, Lupano et Panacionne réussissent un beau pari : raconter sans parole à la fois le plus beau des amours et les plus tristes des catastrophes écologiques. Car le voyage de notre marin est l'occasion pour les deux compères de sensibiliser le lecteur à des réalités bien sombres : pêche intensive, dégazage sauvage, pollutions diverses... Le tout sans jamais tomber dans la leçon de morale grâce à une grande sensibilité et une pointe d'humour omniprésente qui permet d'équilibrer le récit. La lecture est fluide et très intuitive grâce au style naïf et très expressif de Panaccione.


Vous l'aurez compris, cette bande dessinée est un véritable régal de bout en bout ! La conclusion est tout aussi savoureuse que le reste et l'on ressort de cette lecture vivifiés par cette tendre histoire, mais également plus conscients des changements environnementaux provoqués par l'activité humaine. Plaisant, et intelligent : que demander de plus ? Peut-être la chronique K.BD qui arrivera le dimanche 19 juillet ;)


Un océan d'amour, Wilfrid Lupano & Grégory Panaccione
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages 
Paru en 2014 
224 pages
24.95 €
ISBN978-2-7560-6210-5
One-shot

14 juillet 2012

La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier


La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. A mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...

 Coup de cœur !

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon roman. Je n'ai d'ailleurs pas souvenir d'une telle révélation littéraire depuis La confusion des sentiments de Stefan Zweig, mon livre fétiche (je dis toujours que j'en ai plusieurs mais si je devais n'en choisir qu'un, ce serait celui-ci !). Avec La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier nous propose de pénétrer l'intimité du peintre Johannes Vermeer, né dans les années 1630 aux Pays-Bas. Cet artiste est une énigme qui continue encore de fasciner les historiens puisqu'on dispose de très peu de traces de son quotidien. On lui attribue à peine une quarantaine de tableaux mettant le plus souvent en scène un ou plusieurs personnages en intérieur (probablement son atelier). A son époque, Vermeer n'était pas un de ces génies méconnus ; on sait qu'il bénéficiait d'un certain prestige puisqu'en 1653, la guilde de Saint-Luc l'accepte comme maître-peintre. C'est également l'année de son mariage avec Catharina Bolnes dont il aura quinze enfants (!). Vermeer peignait principalement sur commande (son père fut son premier mécène) mais son rythme très lent ne lui permettaient pas de subvenir aux besoins de sa trop nombreuse famille. Vermeer décède à l'âge de 43 ans, laissant sa femme et ses enfants criblés de dettes. Oublié pendant près d'un siècle, le peintre fut redécouvert grâce à la critique d'art et connu un succès fulgurant. Ses tableaux les plus célèbres tels que "La Laitière", "La jeune fille à la perle" ou la "Vue de Delft" ont inspiré bon nombre d'écrivains et d'artistes. La peinture de Johannes Vermeer est considérée par les critiques comme un miracle de lumière, d'harmonie et de subtilité dans les tons et la composition.

La Laitière

Bien que le roman de Tracy Chevalier soit entièrement fictif, il s'appuie très soigneusement sur les détails que nous connaissons de la vie du peintre. Je nourrissais déjà une fascination et un attachement particulier pour le tableau "La jeune fille à la Perle", couramment surnommée "la Joconde du Nord". J'ai eu l'occasion de l'étudier en cours d'histoire de l'art à de multiples reprises mais je suis toujours aussi séduite par le mystère et la délicatesse qui s'en dégagent. Le roman est à l'image du tableau : tout en douceur, en subtilité, plein de pudeur et de retenue. Plus troublant encore, il agit sur moi de la même manière que le chef-d’œuvre du peintre, en s'imposant subrepticement, presque en me hantant. Le plaisir de la lecture n'est pas spectaculaire mais n'en est pas moins saisissant. Tout l'ouvrage est dominé par les sensations, les émotions. La beauté, la tristesse et le pureté se cristallisent au fil des pages pour former une œuvre pleine de poésie et de raffinement.

La jeune fille à la perle
La méconnaissance de la vie du peintre a permis une très grande liberté d'imagination à l'auteure mais j'ai l'impression qu'elle a réussi à être fidèle à l’esprit du tableau. Elle propose en tout cas une plongée minutieuse dans le processus créatif et sa sensibilité exacerbée permet de retranscrire toute la magie de la naissance d'un chef-d’œuvre. Dès les premières lignes, j'ai été saisie par l'urgence d'observer le tableau en même temps que la lecture. Je suis sortie de ce roman émerveillée, un peu étourdie, avec l'envie dévorante de percer à mon tour les secrets de Vermeer... et de lire d'autres romans de Tracy Chevalier.

La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier
Éditeur : Quai Voltaire
Paru en 2000
271 pages
16.80 €
ISBN 2-912517-16-8

8/20

18 février 2012

Irrésistible alchimie, Simone Elkeles


Brittany est belle, intelligente et douce.
Elle sort avec le capitaine de l'équipe de football. Alex, terriblement séduisant, est connu pour être un membre du dangereux gang des Latino Blood. Tout les oppose jusqu'à ce cours de chimie et ce travail imposé en binôme. Au-delà des apparences, Alex et Brittany se rapprochent et se séduisent. Leur attirance, plus forte que les préjugés et les interdits, pourrait bien changer leur avenir... mais à quel prix ?
Pas convaincue...


Irrésistible alchimie n'est vraiment pas mon genre de lecture favori. Une amie a purement et simplement éclaté de rire et s'est bien foutu de ma tronche lorsqu'elle a aperçu ce titre dépassant de mon sac. Je marmonnais un "c'est pour le baby-challenge jeunesse" et allais m'enfermer dans la chambre pour commencer ce roman à la couverture soooo Harlequin.

J'ai tant bien que mal essayé de mettre mes à priori de côté, mais les 30 premières pages ont vite confirmé mes appréhensions : Irrésistible alchimie se révélait bien être une romance très caricaturale. C'est en même temps tout l'enjeu de ce roman : faire se confronter deux mondes complètements opposés et se heurter les personnalités. Quoi de mieux pour cela qu'une belle héroïne blonde, blanche et populaire, et un voyou d'origine mexicaine, panoplie gros muscles-cheveux en pétard-yeux ténébreux ? Mais voilà, les traits sont tellement forcés que cela en devient presque comique... J'ai souvent oscillé entre le rire et les larmes lors de cette lecture qui, à défaut de m'avoir convaincue, ne m'a pas laissée indifférente.

Quant au style, rien de particulier à souligner. Comme on peut s'y attendre, l'écriture est simple, très dialoguée, assez fluide. Contrairement à d'autres ouvrages (je songe ici à Divergente notamment), l'usage des temps est bien plus harmonieux, ce qui fait d'Irrésistible Alchimie un roman plutôt agréable à lire. On peut même reconnaître à l'auteur une certaine capacité à entraîner et intéresser le lecteur ; on se surprend à avaler les pages pour savoir comment cela va se terminer. Parlons de la fin, justement ! Si l'on exclue les toutes dernières pages qui sont aussi décevantes et ridicules que l'épilogue d'Harry Potter, j'ai apprécié la temporalité et le fait qu'on doute jusqu'au bout de l'issue des événements.

Dans l'ensemble, cette lecture n'a donc pas été trop désagréable, mais la multiplication des clichés est vraiment risible. C'est vraiment dommage car le message de l'auteur, à savoir justement la possibilité d'outrepasser ces clichés, de combattre les préjugés, est plutôt honorable. Dans le même genre, et d'un niveau incroyablement supérieur à mon avis, je recommande la lecture d'Entre chiens et loups de Malorie Blackman.

Irrésistible alchimie, Simone Elkeles
Éditeur : La Martinière
Collection : Fiction J
Paru en 2011
411 pages
13.90 €
ISBN 978-2-7324-4454-3

12/20

08 janvier 2012

La délicatesse, David Foenkinos


« François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins
conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi
à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus, ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye
ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, c’est parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse…
- Je vais prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie. Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité »
Coup de coeur !

Comment échapper au phénomène Foenkinos ? La délicatesse l'a propulsé au rang d'auteur adoré, que dis-je, d'auteur adulé ! Comme la curiosité est un vilain défaut et que je ne suis pas spécialement une fille plein de qualités, j'ai franchi le pas - il faut bien le dire, surtout grâce à ma copine Riz-Deux-ZzZ qui m'a envoyé ce petit roman.

La délicatesse m'a plu dès les premières pages, je dirais même dès la première ligne : "Nathalie était plutôt discrète (une sorte de féminité suisse)." Une féminité suisse... Absurde et pourtant si clair dans mon esprit, peut-être parce que je suis haut-savoyarde et que le suisse fait partie intégrante de mon environnement ? Bref, là n'est pas la question. Foenkinos s'amuse avec la langue et les expressions avec une facilité et une lucidité déconcertante. Cette lecture se révèle lumineuse, parsemée de phrases que l'on aurait tant aimé écrire, de celles que l'on note précieusement dans des cahiers pour les relire un jour. Le récit est parsemé d’anecdotes et d'informations inutiles qui apportent une touche merveilleusement décalée aux évènements ordinaires.

Pour ne rien gâcher, l'histoire est simple et touchante, très réelle. Je ne veux pas trop vous en dévoiler pour ne pas saboter l'émotion, mais sachez qu'il est question avant tout d'amour (d'Amour ? D'amours ?) ainsi que de séduction, mais surtout pas celle qu'on trouve dans les livres avec des filles diaphanes et des garçons ténébreux qui s'embrassent sur la couverture. Ici, tout prend un air de vérité : les doutes côtoient les espoirs, les larmes et les sourires se répondent ; La délicatesse, c'est l'histoire du quotidien dans toute sa splendide banalité. Par moment, cette lecture m'a rappelé Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti, en sûrement moins caricatural mais toujours aussi rafraîchissant. Pour conclure, je vous invite chaleureusement à plonger votre nez dans ce court récit dont on ressort revigoré, prêts à vivre enfin ce Carpe Diem dont on entend tant parler !


La délicatesse, David Foenkinos
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio
Paru en 2011
209 pages
6.20 €
ISBN 9782070440252

1/26
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Reckless, tome 1, Cornelia Funke


En découvrant un monde extraordinaire derrière le miroir de leur appartement new-yorkais, Jacob Reckless pensait avoir trouvé la liberté. Mais cet univers fascinant est aussi dangereux et, un jour, Will, son jeune frère, déjoue la vigilance de Jacob et le suit à travers le miroir. Victime d'un maléfice, il se transforme en monstre, brisant ainsi le coeur de celle qu'il aime... Reckless n'a que deux jours pour le sauver!
J'ai aimé !


Encore un petit roman issu de l'Athenaeum, partenaire privilégié de ma PAL ! Cette fois-ci, c'est la sublime couverture et l'étiquette accrocheuse "prix Imaginales du roman jeunesse 2011" qui ont motivé mon choix. Qui dit Imaginales dit roman de l'imaginaire (aaah, mais quel esprit de déduction ! A partir de maintenant, appelez-moi Sherlock.), c'est-à-dire un genre que je maîtrise toujours mal et que j'appréhende forcément un peu malgré mes récents progrès (et réussites) dans le domaine. Je connaissais Cornelia Funke avec son Prince des Voleurs qui m'a laissé un souvenir impérissable. J'avais dû le lire vers 10 ans et je me souviens avoir adoré cette histoire mystérieuse qui se déroulait à Venise.

Mais ce n'est pas ce roman dont il est question ici ; revenons donc à nos moutons, ou plutôt à nos Goyls si je peux m'exprimer ainsi. Qu'est-ce qu'un Goyl ? Dans le monde de l'autre côté du miroir, c'est un être humanoïde de pierre, gouverné par un roi sanguinaire, fermement décidé à en découdre avec les hommes en général et plus particulièrement  avec l'Impératrice. Aidé de la mystérieuse et terrifiante Fée Sombre, rien ne peut lui résister. La fée est en effet à l'origine d'un sortilège extrêmement astucieux : tout humain blessé par un Goyl se transforme à son tour en être de pierre et vient grossir les rang de l'armée ennemie. Le monde de Jacob, un adolescent courageux et solitaire, bascule lorsque son frère est victime de ce maléfice. Jacob connaît bien le monde de l'autre côté du miroir : il s'y réfugie de plus en plus longtemps depuis la disparition de son père, puis fini par y vivre complètement au décès de sa mère. Il se sent entièrement appartenir à cet univers fait d'êtres fantastiques tels que les licornes, les Lorelys ou les sorcières.

Voici d'ailleurs ce qui fait l'originalité et la force de ce roman : les nombreuses références à l'imaginaire fantastique, et plus précisément aux contes populaires qui ont bercé notre enfance. On s'amuse à retrouver tous les clins d'œil à Barbe-Bleue, la Belle au Bois Dormant, Blanche-Neige ou encore Hänsel et Gretel. Ce roman possède donc un côté très ludique qui m'a beaucoup plu. L'histoire est assez rythmée, pleine de rebondissements et même si je ne me suis pas attachée plus que ça aux personnages, j'ai énormément apprécié cet univers. Le point négatif est sans aucun doute la médiocrité de la traduction, qui m'a fait faire des bonds... "les vieilles femmes le portaient au cou comme porte-bonheur autour du cou" (p.74) Sérieusement ? Ben oui. J'ai également eu quelques difficultés à me plonger dans le récit au début car les informations que nous donnent l'auteur sont trop parcellaires et  que tout arrive en même temps : les personnages, l'univers de l'autre côté du miroir, la problématique et les enjeux. Malgré tout, Reckless reste une agréable découverte ! J'ai apprécié la façon dont la boucle est bouclée à la fin du récit, qui laisse le choix au lecteur de s'arrêter là ou de poursuivre. Pour ma part, je continuerai sûrement !


Reckless (1), Cornelia Funke
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Paru en 2010
327 pages
15 €
ISBN 9782070634774
Prix Imaginales du roman jeunesse 2011

25 décembre 2011

L'art d'aimer, Ovide


La séduction : un art subtil, un rite mis à l'honneur pendant la Renaissance avec les cours d'amour, mais déjà chanté par Ovide. La femme étant libre de ses sens et de ses sentiments, comment la conquérir ? Où tendre ses filets ? Compliments, promesses, larmes, baisers, hardiesse... Toutes les armes sont bonnes. Celle que l'on aime une fois séduite, comment la retenir ? Au terme d'un jeu dont le prix est le plaisir, l'amant raffiné a plus d'une corde à son arc... Quant à la femme, il lui appartient de garder son éternel féminin, ce qui n'est pas le plus facile... Au-delà de l'artifice, l'art doit gouverner l'amour. Un art dans lequel Ovide est passé maître.
...

J'ai découvert ce petit livre sur insistance de mon grand-père qui désirait que je mette au moins un classique antique dans la liste de mon challenge ABC 2011 proposé par Nanet. Je n'étais pas enchantée plus que ça... non pas que je n'aime pas les classiques, mais je trouvais que ce titre détonait vraiment de mes autres lectures, et je n'étais donc pas sûre de m'adapter vraiment au changement de registre, de style, d'époque... Lorsque que j'ai vu que ce texte était en réalité très court, je me suis dit que si cela ne me plaisait pas, je n'aurais pas eu à perdre mon temps longtemps.
J'ai d'ailleurs conservé cette idée longtemps puisque j'ai été totalement perdue les premières pages par le style si différent des textes contemporains et le nombre de références antiques que je ne me maîtrise pas, bien que je sois assez branchée par la mythologie grecque.  Le texte est parfois encadré par des notes explicatives du traducteur mais qui, loin de me renseigner, n'ont fait qu'accentuer ma perplexité. "Inspiré du distique élégiaque"... euh... okay ?
Bref, cela se présentait mal ; le courant entre Ovide et moi ne passait pas vraiment... Mais j'ai tant bien que mal continué ma lecture et suis rentrée petit à petit dans l'atmosphère, dans l'esprit de l'époque, pour découvrir finalement un texte particulièrement instructif... et hérissant ! Ovide se fait le chantre de l'amour et de ses procédés. Au programme : tromperie, mensonge, manipulation, machisme (terme anachronique, peut-être) et duplicité. Qu'il est beau, l'amour ! Les propos tenus réveilleraient en chaque femme un instinct féministe particulièrement vindicatif. Le texte, en trois parties, dont deux s'adressant aux hommes, s'attache à donner les clés de la séduction et les moyens d'entretenir la flamme. A travers ces quelques pages, la femme apparaît davantage comme une proie (le mot est d'ailleurs utilisé plusieurs fois) que comme une personne digne de respect, bien qu'elle soit au centre de toutes les attentions. Ovide ne lésine ni sur la comparaison agricole, ni sur la métaphore animalière pour désigner la "femelle". Voici quelques extraits irrésistibles que je n'ai pu m'empêcher de vous faire partager :
"Il te faut jouer l'amant, et, dans tes paroles, te donner les apparences d'être blessé d'amour ; ne néglige aucun moyen pour le persuader. Et il n'est pas difficile d'être cru : toute femme se juge digne d'être aimée ; si laide soit-elle, il n'en est pas qui ne se trouve bien."
"Les larmes également sont utiles : avec des larmes tu amollirais le diamant. Tâche que ta bien-aimée voie, si tu peux, tes joues humides. Si les larmes te font défaut (car elles ne viennent pas toujours à commandement), mouille-toi les yeux avec la main."
Cependant, j'ai d'abord considéré ce texte pour sa valeur documentaire, son rôle de témoignage des mœurs romaines du Ier siècle avant J.C. J'ai très vite mis de la distance entre la valeur du texte et ce qu'il raconte pour me concentrer sur l'intérêt historique d'un tel document. En cela, j'ai été émerveillée par L'art d'aimer, récit particulièrement intéressant. Tantôt quasi-insoutenable par la bêtise des propos ou les images utilisées, tantôt hilarant sans le faire exprès, ce texte, toujours lucide, est un reportage savoureux, une véritable plongée dans l'Histoire.
L'art d'aimer est donc un texte que j'ai beaucoup de mal à évaluer car il m'a autant révolté qu'enchanté, selon le point de vue où je me place.

Et pour finir sur une note charmante :
"Je hais les embrassements, où l'un et l'autre ne se donnent pas (voilà pourquoi je trouve moins d'attrait à aimer des petits garçons)."
C'est dit !


L'art d'aimer, Ovide
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Classiques
Paru en 1967
185 pages
? €



22/26

19 décembre 2011

Le baiser de l'Ange, tome 1, Elizabeth Chandler



Ivy adore les anges. Elle collectionne les petites statuettes qui les représentent et croit profondément qu'ils l'accompagnent dans les moments difficiles de sa vie. Surtout depuis que sa mère s'est remariée. Avec le père de Gregory, ce garçon étrange qui met Ivy mal à l'aise. Heureusement, Tristan, le jeune homme le plus adulé du lycée est fou amoureux d'elle. Ivy partage ses sentiments, et le bonheur lui paraît de nouveau accessible. Mais bientôt, le destin les frappe violemment.
J'ai aimé !
Lorsque j'ai une idée fixe, je peux devenir très têtue et ne pas la lâcher avant d'avoir obtenu satisfaction. Du côté littéraire, en ce moment, c'est de trouver un roman ado ou jeunes adultes traitant d'êtres paranormaux en tous genres qui me plaise ou, du moins, qui ne me déçoive pas complètement. C'était mal parti ! Hush, hush de Becca Fitzpatrick ou encore Vampire Kisses d'Ellen Schreiber m'avaient laissé un goût amer de niaiseries pré-adolescente au style pauvre et à la construction bancale. Et Elizabeth Chandler est arrivée... (non, je blague, ça ressemble au Messie mais ça ne l'est pas).
Sans être une totale réussite, Le baiser de l'Ange a eu le mérite de me faire passer un agréable moment. Gracieusement offert par une de mes ex-collègue libraire (aka le pouvoir des bouquins promotionnels "qui ne peuvent être vendus"), ce petit roman commence par une sympathique histoire d'accident de voiture qui, comme vous l'avez sûrement deviné, frappe nos jeunes amoureux au paroxysme de leur bonheur. Mais revenons un peu en arrière... Ivy est une adolescente ordinaire à laquelle il est très facile de s'attacher. Elle ne se découvre pas subitement de mystérieux pouvoirs, ne se transforme pas en héroïne sans peur, n'agit pas comme une débile profonde : voilà pourquoi elle m'a parue bien plus intéressante (paradoxalement) que ses copines de bit-lit. Ses fragilités la rendent avant tout touchante et pas niaise pour un sous. Sa phobie de l'eau, par exemple, est très bien décrite et exploitée par l'auteur, sans pathos excessif. Le seul point qui m'a agacé est sa foi en les anges, qui s'exprime de manière assez ridicule, mais là encore, c'est de l'agacement que l'on peut ressentir face à une amie un peu timorée, qui ne m'a pas du tout donné envie de la frapper (comme c'est souvent le cas avec les autres demoiselles).
Passons à Tristan Carruthers, alias le beau gosse de l'histoire. Sa qualité principale est la gentillesse, chose plutôt rare pour ce type de roman, les héroïnes étant beaucoup plus souvent attirée par des voyous, des types louches ou des hommes qui adorent les faire tourner en bourrique. Ici il n'est pas vraiment question de jeu amoureux mais davantage de ce qui se passe ensuite. Voilà sans nul doute pourquoi j'ai autant apprécié ce roman : bien que l'intrigue soit avant tout amoureuse, il n'est pas question de séduction sans cervelle ou de  "chasse" interminable. Les personnages secondaires sont assez nombreux et à mon goût plutôt réussis car ils possèdent tous une personnalité reconnaissable bien qu'assez peu développée. L'auteur ouvre une foule de portes à son histoire en incluant autant d'éléments parallèles, ce qui présage de bonnes surprises pour la suite.
L'histoire en elle-même est plutôt bien menée. La chronologie est intéressante, véritablement travaillée ; le style est simple et fluide, plus recherché que ce que j'ai pu rencontrer jusqu'à présent. L'action n'est pas au rendez-vous toutes les pages mais le récit ne souffre d'aucun temps mort ou passage superflu.
En conclusion, Le baiser de l'ange est un petit récit agréable à lire, plus modéré, moins caricatural que les autres du même genre que j'ai pu lire. Même si l'histoire reste assez superficielle, très adolescente, je me pique d'obtenir la suite pour savoir ce qui va arriver ! 


Le baiser de l'Ange, tome 1, Elizabeth Chandler
Éditeur : Le Livre de Poche Jeunesse
Collection : Jeunes Adultes
Paru en 2011
231 pages
5.90 €
ISBN 9782013230070

17 décembre 2011

L'île des gauchers, Alexandre Jardin



Dans un archipel du Pacifique Sud ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite une population où les droitiers ne sont plus que l'exception.
Mais là n'est pas le plus important. Cette minuscule société, fondée par des utopistes français en 1885, s'est donné pour but de répondre à une colossale question : comment fait-on pour aimer ? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. C'est l'endroit du monde où l'on trouve, entre les hommes et les femmes, les rapports les plus tendres. Voilà ce que vient chercher, dans l'île des Gauchers, Lord Jeremy Cigogne.
A trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour véritable. A trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir son époux. Dans cette réalité à l'envers où tout est à l'endroit, Cigogne et Emily se délivrent non sans mal de leurs habitudes et tentent l'aventure de se combler en suivant les coutumes et les rites étonnants du petit peuple des Gauchers. 
J'ai aimé ! 

Ah, zut, une histoire d'amour(s)... Voilà la première chose que je me suis dite en lisant la quatrième de couverture, réflexion aussitôt suivie par "mais pourquoi je regarde jamais les synopsis des bouquins que je mets dans mes challenges ?!". Et bien tant mieux, puisque je ne me serais jamais dirigé vers ce sublime ouvrage si j'avais pris connaissance de son thème avant, et ç'aurait été passer à côté d'une bien belle découverte ! Pleine de réticences, j'ai pourtant vaillamment attaqué ma lecture, et le miracle s'est produit au bout de quelques pages seulement. Alexandre Jardin a su me toucher au plus profond de mon être grâce à cette histoire à la fois drôle, lucide, belle et cruelle. Ce récit fait écho à des sentiments et des sensations que j'ai pu vivre ou que je vis encore, voilà sans nul doute la raison pour laquelle L'île des gauchers m'a émue et profondément troublée alors que l'époque ou les personnages sont bien éloignés de mon histoire.

Le récit est merveilleusement servi par une langue imagée, riche, virtuose ; la lecture de ce roman est un véritable délice pour les yeux et les oreilles. Le style est fluide et recherché, savoureux, notamment grâce aux décalages de ton que l'auteur emploie. Résolument sérieux, ce roman porte pourtant en lui un comique burlesque insoupçonné dont je suis très friande. Cela passe, par exemple, par les listes interminables et à se tordre de rire des objets fabriqués sur-mesure pour Lord Cigogne ou par le charme à la fois ridicule et touchant d'Algernon, le majordome terriblement anglais (l'auteur nous fait d'ailleurs remarquer qu'en ses veines coule du thé, mais avec un nuage de lait, please.)

Le sujet est admirablement bien traité. Les réflexions sont pertinentes, qu'elles concernent l'amour ou le monde dans lequel nous vivons. La dimension politique est omniprésente mais n'empiète jamais sur le thème principal, à savoir "comment devenir un vrai mari ?". L'auteur jette un regard extrêmement lucide sur les travers de nos sociétés européennes (en témoigne mon extrait qui fait envie [17]), et toutes ses réflexion pourraient être citées car elles m'ont semblé toutes plus justes les unes que les autres.

J'ai trouvé en revanche quelques redondances concernant certaines idées, expliquées autrement, soit, mais assez similaires dans le fond. J'ai également vu venir de loin le rebondissement final, ce qui, sans complètement gâcher ma lecture, m'a un peu déçue. Au final, j'ai passé un très bon moment de lecture, très vivant. J'ai véritablement fait corps avec ce récit, et nul doute que je m'en souviendrai longtemps !

L'île des gauchers, Alexandre Jardin
Éditeur : Gallimard
Parue en 1995
342 pages
22.95 €
ISBN 2070740307

 20/26

06 décembre 2011

La saga des anges déchus, tome 1 : Hush, hush, Becca Fitzpatrick


Dans la ville brumeuse de Portland, Nora tente de mener une vie ordinaire depuis la mort violente de son père quelques mois auparavant. Lors d'un cours de biologie, elle fait la connaissance de Patch, qui vient d'arriver en ville. Il est séduisant, mystérieux, toutes les filles en sont folles, mais la vie de Nora est déjà bien trop remplie. Comment Patch peut-il en savoir autant d'argent sur son compte ? Pourquoi se retrouve-t-il toujours sur sa route quand elle cherche à l'éviter ? Alors que les deux adolescents se rapprochent, Nora prend peur : un inconnu masqué attaque sa voiture, sa chambre est fouillée, mise à sac ; et quand elle appelle la police, tout est miraculeusement rentré dans l'ordre. Sans le savoir, Nora est devenue l'objet de la guerre qui agite les anges déchus et les Nephilim. Et en tombant amoureuse de Patch, elle va découvrir que la passion peut être fatale...
Pas convaincue...

Parmi la vague de romans fantastique qui déferle sur les étals jeunesse et young adult, quelques uns sortent du lot dès le départ, et deviennent même de véritables phénomènes. Hush, hush est de ceux-là. Premier roman de l'auteure, qui était loin de se douter qu'il remporterait un tel succès, Hush, hush a bénéficié chez nous d'un engouement immédiat, propulsant les histoires d'anges au même rang que celle de vampires, particulièrement plébiscitées. C'est grâce à Internet et aux blogs de lecteurs que j'ai connu cet ouvrage, et l'image de couverture s'est immédiatement gravée dans ma mémoire, ainsi que ce titre intrigant qui signifie "silence, silence" en anglais. Curieuse, j'ai rajouté ce roman à ma wish-list et me le suis fait offrir par Avalon à l'occasion de la 2° édition du swap Marque-pages.
Connaissant mon scepticisme pour les romances, en particulier celles incluant des êtres fantastiques, j'hésitais encore à le lire lorsque j'avisais la LC programmée par Mylène via Livraddict. La curiosité et la profusion des commentaires dithyrambiques à propos de ce roman ont finalement eu raison de mes retenues, et je me suis inscrite aussitôt, essayant de faire abstraction des avis que j'avais butiné sur la toile pour être la plus partiale possible. Mais rentrons donc dans le vif du sujet...
Hush, hush m'a laissé une impression très mitigée. Il faut dire que malgré tous les avis positifs et la bonne publicité autour de ce livre, je n'étais vraiment pas convaincue par sa capacité à me toucher, principalement à cause du thème, à savoir la romance entre une humaine et un ange. J'ai toujours craint les histoires d'amour, et je peux compter sur les doigts d'une main celle qui m'ont réellement émue. En général, je les trouve surfaites, niaise ou bien superflues à l'histoire, et je ressors alors plus agacée que transportée par ma lecture. Hush, hush n'a pas fait exception à la règle... Je n'ai pas du tout réussi à m'attacher aux personnages. Ni à l'héroïne, Nora, ni au mystérieux Patch et, plus grave encore, à aucun d'entre eux, ce qui m'arrive très rarement. Habituellement, il y a toujours un protagoniste, même secondaire, qui se détache du lot et qui me plaît vraiment. Dans ce roman, le personnage qui s'en rapprocherait le plus est Rixon, que l'on croise à peu près deux lignes dans tout le roman. Alors que la psychologie et les sentiments des héros est plutôt fouillée, j'ai eu la perpétuelle impression de ne rien savoir d'eux, de ne rien apprendre d'important.
J'ai trouvé que l'histoire mettait beaucoup de temps à démarrer. Je n'ai pas été embarquée dès les premières pages et n'ai pas ressenti l'ambiance mystérieuse et électrique que beaucoup décrivaient. J'ai donc passé les 200 premières pages à attendre que l'intrigue s'étoffe et me happe... en vain.
Concernant le style, mon avis est également bien tiède. Non pas qu'il soit déplaisant, loin de là, mais je lisais parallèlement D'or que de landes de Denis Bretin, une véritable petite pépite portée par une plume très imagé et savoureuse, et qui a rendu ma lecture de Hush, hush bien terne en comparaison. Mais arrêtons là avec les critiques, ma lecture est loin d'avoir été un calvaire ! 
J'ai apprécié l'approche de l'auteure concernant les êtres fantastiques, à la fois classique et originale. Plus que le personnage de Patch, c'est sa condition d'ange déchu qui m'a plu. J'ai beaucoup aimé redécouvrir par ce biais des épisodes de la Bible que je connais très mal mais qui me fascine dans ce qu'elle peut avoir d'influent sur toute notre culture depuis des siècles. De plus, les derniers instants du récits sont vraiment haletants et valent bien mon attente du début. L'histoire d'amour entre Patch et Nora ne m'a pas complètement dégoûtée car elle ne dégouline pas de mièvreries et de bons sentiments ; leur jeu du chat et de la souris est d'ailleurs plutôt sympathique et excitant.
Pour conclure, je dirais que ce roman s'est révélé bien loin de mes attentes et que j'ai vraiment l'impression d'être passée à côté de quelque chose. Je n'ai pas passé un mauvais moment de lecture mais celui-ci s'est tout de même avéré bien terne et il ne me laissera pas un souvenir impérissable. Je suis néanmoins ravie d'avoir pu découvrir ce roman et d'avoir participé à cette LC !

LC réalisée avec :
Cln


La saga des anges déchus, tome 1 : Hush, hush, Becca Fitzpatrick
Éditeur : Pocket
Paru en 2011
382 pages
7.40 €
ISBN 9782266210492

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