La Nouvelle Orléans, années 1990.
Il est difficile, pour certains hommes, de tirer un trait sur leurs rêves de jeunesse. Alvin, guitariste et chanteur de jazz de second rang, est de ceux là. À l’heure où d’autres n’aspirent qu’à une retraite paisible, il a encore foi en sa bonne étoile. Affublé de deux vieux compagnons de route, il part à la recherche de Cornelius, trompettiste légendaire disparu mystérieusement cinquante ans plus tôt, grâce auquel il pourrait connaître enfin le haut de l’affiche.
Coup de cœur !
Sur les recommandations de ma collègue Isabelle, qui s'était déjà illustrée en me conseillant les excellents Souvenir de moments uniques de Domas et Stoner de John Williams, je me suis plongée dans cette incroyable bande-dessinée musicale -et mélodieuse.
Comment ne pas rester pantois devant une histoire aussi fine et maîtrisée lorsque l'on sait que Bourbon Street est la première aventure de Philippe Charlot (à l'origine guitariste professionnel) en tant que scénariste BD ? Avec leur quatuor de papys jazzmen, mené par un Alvin en pleine forme, bien décidé à connaître son heure de gloire à l'image des ancêtres de Buena Vista Social Club (et là, ça me touche de près car je les ai vu en concert pas plus tard que l'année dernière !), Philippe Charlot et Alexis Chabert nous livrent une véritable petite pépite aux saveurs délicieusement rétro et nostalgiques.
Bourbon Street mêle habilement personnages imaginés ou réels, fiction et documentaire.Le voyage de nos trois amis à la recherche de Cornélius, le prodige disparu, est placé sous l'égide -excusez du peu- du fantôme de Louis Armstrong lui-même, toujours prompt à donner de malicieux conseils et nous guider à travers les années. Le tout nous est présenté avec une justesse, une précision et un réalisme hors du commun. Le découpage est harmonieux et permet à ce premier tome de poser l'histoire tout en étant très dynamique et rythmé. Les dessins et les couleurs sont véritablement enchanteurs, vifs et très sensibles, bref, parfaitement adapté à cette histoire pleine de poésie. Les aquarelles de Sébastien Bouet, alternant teintes sépia et couleurs chaudes sont un pur délice pour les yeux. J'ai beaucoup pensé au travail d'Emmanuel Lepage en ouvrant cette BD, où chaque page est un tableau qui nous transporte dans le récit. Je suis sortie de cette lecture des images et de la musique plein la tête, complètement émerveillée.
Charlot, Chabert et Bouet réalisent donc un premier tome virtuose et réaliste en hommage au jazz et à la musique. Le sens du détail et l'exigence de l'illustrateur sont éclairés par un superbe cahier de croquis et dessins préparatoires en fin de volume, clair et très enrichissant. Cette BD est donc une vraie pépite sur tous les plans !
Bourbon Street (1) : Les fantômes de Cornélius, Philippe Charlot, Alexis Chabert & Sébastien Bouet
Éditeur : Bamboo
Paru en 2011
47 pages
13.90 €
En effet! Cette bd a l'air super!
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