L'Assassin Royal (4) : Le poison de la vengeance, Robin Hobb

Aaaarg mais c'est QUOI cette couverture infâme ?! Mes yeux saignent !

Les pirates, de plus en plus audacieux et téméraires, ont commencé leur invasion dévastatrice. Royal le fourbe, après avoir assassiné le souverain légitime, est monté sur le trône des Six-Duchés. Avec son entourage, le lâche usurpateur s'est replié à l'intérieur des terres. Dans son fief natal, certain de ne plus être inquiété par Fitzchevalerie, son ennemi intime, qu'il croit mort. Grossière erreur, car le jeune bâtard, retiré loin de la cour, caché, est toujours vivant. Bien décidé à se venger. Mais il lui faut d'abord réapprendre à vivre, sous la patiente égide de Burrich et d'Umbre. Et choisir sa voie : celle de la civilisation... ou celle d'une empathie plus forte que jamais, grâce au pouvoir du vif, avec Œil-de-nuit ?

Waouh !

L'année dernière, emportée par mon enthousiasme, j'avais dévoré les tomes 4 à 6 et n'avais jamais pris la peine de venir les chroniquer ici car les évènements s'étaient un peu mélangés dans mon esprit. Cette seconde lecture est toujours aussi plaisante, et c'est un véritable défi de ne pas engloutir à nouveau chaque ouvrage ! Depuis mes embryons d'argumentation (dont j'ai un peu honte, il faut l'avouer), mes chroniques ont beaucoup évolué, et c'est avec plaisir que je vous propose un avis nettement plus dense et construit que pour les trois premiers tomes.

La vie que Fitz a toujours connu n'est plus qu'un vague souvenir : brisé, aussi bien physiquement que moralement, le jeune homme n'est plus que l'ombre de lui-même. Il ne doit sa survie qu'à son Vif, qui lui a permis de partager l'esprit et le corps de son loup en attendant que son enveloppe physique soit de nouveau prête à l'accueillir. Mais le retour à son état d'humain ne se fait pas sans difficultés... Entouré de Burrich et d'Umbre, il reprend peu à peu conscience et redevient maître des ses mouvements et de ses décisions. Tour à tour saisi par une rage aveugle envers Royal et son clan, un désespoir total et une peur panique à l'idée que l'on sache ce qu'il est devenu, FitzChevalerie multiplie les errances. Il se met finalement en route pour Gué-de-Négoce, où il compte bien achever la première mission dont il est le seul maître : tuer Royal...

Ce tome marque une nette rupture avec les trois premiers opus. A ce titre, il ne possède pas le dynamisme des précédents, même si l'Assassin Royal n'a jamais été une série que je qualifierai "d'action". Cependant, l'ennui ne guette pas une seule seconde, que ce soit dans la première trilogie ou dans ce tome davantage centré sur la psychologie de Fitz. Les personnages qui l'entourent depuis le début (Patience, Molly, même Burrich et Umbre) passent au second plan même s'ils apparaissent de temps à autre, jamais au hasard. Fitz entreprend une quête en solitaire qui fait écho à sa recherche de lui-même : conscient d'être différent, d'avoir changé, il est en permanente introspection. 

J'ai été très sensible à la détresse qui émane perpétuellement de Fitz. J'ai rarement connu un personnage aussi humain, un personnage dont les imperfections ne le rendent que plus attachant. Robin Hobb décrit avec finesse les tourments qui peuvent agiter un simple adolescent, amplifiés bien entendu par son destin extraordinaire. Les sensations et les émotions dominent donc clairement ce quatrième tome charnière qui ouvre de nouvelles perspectives et qui présage un équilibre différent. On s'immerge entièrement aux côtés d'un anti-héros à la recherche de son identité, tout en conservant la conscience accrue que, quels que soient ses choix, rien ne sera plus pareil...

L'Assassin Royal (4) : Le poison de la vengeance, Robin Hobb

Éditeur : J'ai Lu

Collection : Fantasy

Paru en 2002

350 pages

8.10 €

ISBN 2-290-31845-0
Tome 1 : L'apprenti assassin
Tome 2 : L'assassin du Roi
Tome 3 : La Nef du Crépuscule
Tome 5 : La voie magique

Olya

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