Quelque part entre Ceylan et Bornéo, des pêcheurs racontent avoir autrefois ramené dans leurs filets un drôle de naufragé, une étrange créature chassée du pays des sirènes...
Pas convaincue...
De Profundis m'avait tapé dans l'œil dès sa sortie. La cause : cette sublime couverture, douce et mystérieuse... L'album a finalement rejoint la longue liste des BD-qui-me-font-envie-mais-il-y-en-a-tellement-que-j'ai-fini-par-l'oublier. Elle s'est brusquement rappelée à mon souvenir lors de mes errances à la bibliothèque et je l'ai dévoré instantanément, sur place. Verdict ? Déception ! Incompréhension ! Ascenseur émotionnel !
Pour résumer, j'ai adoré les graphismes mais détesté le scénario. En gros. Ma première impression en ouvrant cette bande dessinée a été le soulagement de voir que cette couverture n'était pas qu'un "attrape-client" et que toutes les pages présentaient la même texture et le même soin. Les illustrations de Chanouga ne sont pas sans rappeler un certain monsieur Tony Sandoval et devinez quoi ? Il est le directeur de cette collection... De Profundis s'ouvre sur une scène de nuit en pleine mer. Un bateau ; dans ce bateau, un hublot éclairé ; et derrière le hublot, un homme plongé dans la rédaction d'une lettre. C'est notre héros, qui entreprend de raconter à sa femme une bien mystérieuse aventure qui a commencé par un naufrage... Dès les premières pages, Chanouga réussit à nous plonger dans une atmosphère inquiétante et fantastique où la limite entre rêve, réalité et cauchemar est bien mince. On retrouve ici le même type de narration utilisé pour Les âmes sèches d'Ozanam ou Frankenstein de Serra & Ribas mais là où ces deux titres m'ont délicieusement désorientée, De Profundis n'a fait que me laisser frustrée et troublée.
Le scénario m'est apparu décousu, brouillon. On ne sait rien, ni pourquoi, ni comment, ni même qui, et la part de mystère et d'étrangeté grandissante qui entoure les deux gracieuses "sauveuses" de notre héros ne trouve aucune explication. Je suis loin d'être totalement hermétique à la poésie ou au fantastique, mais De Profundis est bien trop étrange pour moi. J'ai en outre trouvé le rythme de la narration bancal et convulsif. Cet album m'a laissé exactement la même impression qu'Un regard par dessus l'épaule de Paquet & Sandoval : le sentiment que l'auteur a accidentellement confondu ses doliprane® avec du LSD. Cette bande dessinée est sauvée des eaux (c'est de circonstance !) par le trait sensible et la sublime palette de couleurs utilisée par Chanouga. Les planches, délicatement ouvragées, sont souvent dominées par deux tons complémentaires qui apportent contraste et lumière. J'ai été complètement transportée par la beauté et l'atmosphère magique de certaines pages, même si le découpage beaucoup trop classique ne met absolument pas en valeur la poésie et la fantaisie des illustrations.
En conclusion, De Profundis est une grosse déconvenue uniquement rattrapée par les graphismes enchanteurs, ce qui lui évite de finir dans la catégorie la plus basse de ce blog, "La prochaine fois, je m'abstiens..." Je suivrai d'un œil le travail futur de Chanouga, en espérant qu'il collabore avec d'autres scénaristes et qu'il nous livre quelque chose de moins abstrait.
De Profundis : L'étrange voyage de Jonathan Melville, Chanouga
Éditeur : Paquet
Collection : Calamar
Paru en 2011
102 pages
20 €
One shot
One shot
ISBN 978-2-88890-399-4
Assez d'accord sur l'ensemble :) Je me suis juste laissée un peu plus portée par les graphismes (à défaut de scénario hein !) que j'ai vraiment adoré !
RépondreSupprimerMerci pour le lien XD
Mais pas de souci, j'aime beaucoup ton article :)
RépondreSupprimerDommage pour le scénario. :/ La couverture est très intrigante.
RépondreSupprimerAh c'est sûr qu'Un regard par dessus l'épaule, c'est pas le meilleur album de Sandoval (ce doit même être le pire, à bien y réfléchir pas trop longtemps).
RépondreSupprimerJ'avais aussi été alléché par la couverture mais j'ai jamais été plus loin.
Oups, je viens de me le commander...
RépondreSupprimerChanouga vient de sortir "Narcisse" et je l'ai trouvé excellent, alors puisque tu as aimé son graphisme, tu pourrais peut-être retenter... ? "Narcisse" est parfaitement compréhensible, rien d'onirique et sibyllin, du coup je redoute de lire De Profundis maintenant ... ^^
@ Livresse : tu m'intéresses là, je vais essayer de mettre la main dessus ! J'ai hâte de voir ce que tu as pensé de De Profundis...
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