06 juillet 2012

127 heures, Aron Ralston


Le 26 avril 2003, Aron Ralston, 27 ans, se met en route pour une randonnée dans les gorges de l'Utah. Alpiniste expérimenté, il est déjà venu à bout des plus hauts sommets de la région. Là, au fond d'un canyon reculé, l'impensable survient : un rocher se détache au-dessus de lui et emprisonne son bras dans un mur de rocaille. Le voilà pris au piège. 127 heures plus tard, comprenant que les secours n'arriveront pas, il va devoir prendre la décision la plus difficile de son existence...
Waouh !

127 heures, c'est l'histoire réelle - et incroyable- d'un jeune homme d'une rare force de caractère. Lorsqu'un rocher d'une demi-tonne se détache brusquement de l'ébouli qu'il est en train de descendre, son premier réflexe est de le pousser pour éviter qu'il ne lui écrase la tête. Ce geste le sauve et le condamne à la fois : sa main droite se retrouve complètement écrasée entre la paroi et le roc. Très vite, il se rend compte que son membre est mort et envisage posément les solutions qui se présentent à lui : attendre les secours, creuser la roche de la paroi pour libérer son bras, construire un système de poulie pour faire bouger la pierre... ou s'amputer. Après 127 heures de cauchemar où il aura tout essayé, c'est la dernière option qui lui sauvera la vie...

Aron, coincé sous le rocher - Après son amputation - Avec sa prothèse qui lui permet de continuer l'escalade
Je ne suis pas une grande amatrice des témoignages, que je trouve vite larmoyants et voyeurs, mais il est des fois ou l'aspect documentaire est aussi développé que l'aspect émotionnel. 127 heures est un récit hybride, à la fois autobiographie, mémoires, guide et expérience scientifique. Aron Ralston nous narre son parcours, de son tout premier contact avec les grands espaces américains à ses exploits hivernaux sur des sommets de plus de 4000 mètres. Sportif accompli, il pratiquait (et pratique encore !) VTT, randonnée, alpinisme, canyoning et ski. Son roman est construit sur une alternance de chapitres parfois quasi anecdotiques, où il nous parle de sa carrière, ses amis, ses performances, et même des moments où il a frôlé la mort. Au milieu de ces souvenirs, Aron intercale six principaux chapitres qui racontent ses six jours d'enfer coincé au fond du canyon. Écrits au présent, ils nous donnent l'impression d'avoir été rédigés sur le moment et paraissent d'autant plus palpables. L'ouvrage est complété par un cahier central de photos en couleur que l'auteur a réellement prises lors de son calvaire.

J'ai longtemps hésité à mettre l'appréciation "Waouh !" car plusieurs choses m'ont dérangées. La principale est la trop grande technicité du texte : Aron Ralston emploie un vocabulaire très pointu (notamment en ce qui concerne son équipement) qui permet certes une grande précision dans ses descriptions mais qui perdra vite le lecteur néophyte en escalade. J'ai été plusieurs fois obligée de rechercher tel ou tel objet sur Internet afin de savoir à quoi il ressemblait et/ou servait. J'ai également eu du mal à visualiser correctement certains positionnements ou déplacements dans l'espace. Outre ces points pratiques, j'ai parfois été profondément agacée par Aron lui-même, que j'ai trouvé à la fois attachant et extrêmement égocentrique. Même si j'aurais aimé plus d'humilité dans ses paroles, je ne peux au final que lui reconnaître son caractère exceptionnel ; j'ai refermé le livre en me disant : "ok, un mec qui se coup le bras tout seul en se cassant les os par torsion et en finissant avec un canif, un mec comme ça a bien le droit de se la péter un peu."

Les outils avec lesquels Aron s'est coupé le bras

Je rebondis sur ma dernière phrase pour vous mettre en garde : je pense sérieusement que ce livre n'est pas une lecture pour tout le monde. Aron  Ralston décrit des évènements excessivement durs, tant au niveau psychologique que physique. Le récit des ses hallucinations liées à la déshydratation est assez perturbant, mais l'acte "chirurgical" est pire que tout ce que j'ai lu jusqu'à présent. Ce n'est pas tant la barbarie du procédé qui est insoutenable, mais bien la conscience que ce que nous sommes en train de lire n'est pas de la fiction. Moi qui ai l'habitude de lire ou de voir des choses très gores, je me suis presque trouvée mal lors des trois petites pages ou Aron décrit posément son auto-amputation. Paradoxalement, cette brutalité justifie mon appréciation très positive car peu de récits ont réussi à m'ébranler autant et me plonger aussi profondément dans l'angoisse.

En refermant 127 heures, encore sous le choc, je me suis dit que je ne regarderai pas l'adaptation cinématographique réalisée par Danny Boyle. Cependant, après quelques jours de réflexion, j'ai finalement très envie de voir l'interprétation de James Franco (oui, bon, James Franco tout court, ça va hein...) et de revivre cette histoire de façon beaucoup plus visuelle. Je viendrai donc vous en dire deux mots ici dès que ce sera fait !


127 heures, Aron Ralston
Éditeur : Pocket
Paru en 2011
381 pages
7.20 €
ISBN 978-2-266-21911-2

5 mot(s) doux:

  1. Je ne pense pas que je serais capable de supporter cette lecture! ^^

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  2. Perso, j'ai commencé par le film et ça m'a tellement "choquée" (c'est pas vraiment le mot mais c'est vrai que les images de l'amputation sont assez... particulières à regarder... et pourtant nous savons toutes les deux qu'on n'est pas des mauviettes pour ce genre de choses ) que maintenant j'ai un peu peur d'attaquer le livre... (surtout aussi parce qu'en le feuilletant lorsque je l'ai reçu j'ai du rester 20 minutes bloquée sur les photos...)

    Bref, je suis perturbée !!

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  3. J'ai beaucoup aimé le film, du coup je me suis acheté le livre mais en VO. Je ne l'ai toujours pas lu mais j'espère que je ne galèrerai pas trop avec les termes techniques.

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  4. Et bien j'ai regardé l'adaptation... je t'avoue tout, je l'ai vu de jour, en faisant quelques pauses en cours de route, histoire d'aller respirer, regarder le soleil, etc. Savoir que c'est une histoire vraie, ça rajoute quand même beaucoup de tension. Du coup, je suis sûre que je ne pourrais pas lire le livre :D

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  5. Chouette chronique, je suis d'accord avec toi en ce qui concerne le vocabulaire utilisé...

    Le film illustre plutôt bien le récit, je le conseille. Mais oui, il est dur, tout comme le bouquin.

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