05 janvier 2013

Jonathan Strange et Mr. Norrell, Susanna Clarke


1806.
Dans une Angleterre usée par les guerres napoléoniennes, un magicien à l'ancienne mode, Mr Norrell, offre ses services afin d'empêcher l'avancée de la flotte française. En quelques jours, les Anglais ont repris l'avantage. Norrell devient la coqueluche du pays. C'est alors qu'il fait la connaissance d'un jeune et brillant magicien, Jonathan Strange. Ensemble, les deux hommes vont éblouir l'Angleterre par leurs prouesses. Jusqu'à ce que l'audacieux Strange, attiré par les aspects les plus sombres de la magie, provoque la colère de Mr Norrell...
Pas convaincue...

Jonathan Strange et Mr Norrell ou la lecture commune la plus « freestyle » de 2012 ! Reportée, désertée par bon nombre des inscrits faute de temps ou de motivation, il a fallu tout le courage des quelques fous restant pour arriver au bout de ce pavé (presque) dans les temps. On a vaincu ! Un grand merci à EmmaDorian pour cette organisation musclée et pas toujours évidente, mais menée d'une main de maître ! Dommage que Jonathan Strange et Mr Norrell ne se soit pas révélé à la hauteur de mon côté... Mais quelles sont donc les raisons de cet avis partagé ?

En premier lieu, la faute sans aucun doute au commentaire de la 4° de couverture, qui m'a agacée avant même que j'ouvre le roman. Comparer Susanna Clark à Tolkien ? Sérieusement ? Grossière erreur, d'autant qu'il n'y a même pas de raison de comparer le roman de cette romancière avec l'œuvre du maître incontesté de la fantasy. Là où Tolkien invente des mondes, des histoires, des mythes et des langues, Susanna Clark place son action dans la société anglaise du début du XIX°siècle et insère avec soin son récit dans le contexte politique et social de l'époque. Je ne déprécie pas forcément par là le roman de Clarke ; je souligne en revanche le fait qu'il est loin d'avoir la même ampleur que n'importe quelle titre de Tolkien.

Passablement énervée par ces rapprochements hâtifs et erronés, je me suis armée de patience et ai attaqué ce pavé de près de 1200 pages. On l'entre et l'on sort de Jonathan Strange et Mr Norrell un peu par hasard, simplement et sans heurts, comme si l'on décidait de suivre une petite route de campagne parallèle à notre trajet habituel. Comme Les piliers de la Terre de Ken Follett, ce roman n'a pas le fracas des œuvres qui secouent par leur entrée en matière ou qui chamboulent par leur conclusion inattendue. Cependant, si Les piliers de la Terre m'avait bercé par son histoire paisible et pourtant si prenante, le flot paresseux et confortable de Jonathan Strange et Mr Norrell s'est parfois transformé en ennui. Il est difficile de savoir pourquoi l'auteure a commencé ou terminé son récit à cet instant précis, et il est tout aussi compliqué d'arriver à distinguer une véritable intrigue parmi ces 1200 pages. Et qu'il est malaisé de s'accrocher à une histoire lorsque l'on ne voit pas vraiment où elle va !

Malgré ces points, Jonathan Strange et Mr Norrell n'est pas dénué de charme. J'ai apprécié la minutie avec laquelle Susanna Clarke décrit le climat de ce changement de siècle en Angleterre, oscillant entre attachement aux mythes et légendes et goût pour la modernité. La guerre entre les anglais et les français sert de fil rouge à une bonne partie du récit, et j'ai beaucoup aimé avoir la vision outre-Manche du conflit, que je connaissais d'ailleurs très mal. L'humour (anglais, évidemment!) se fait discret mais est pourtant présent, en particulier en Mr Norrell qui est sans doute le personnage le plus comique du récit, même si c'est contre son gré. Précieux, effrayé, guindé et orgueilleux, le magicien est l'incarnation de l'esprit d'un certain temps, d'une certaine classe sociale ; Jonathan Strange et Mr Norrell a parfois l'allure d'une satire féroce des mœurs anglaises.

Il est terriblement dommage que ce plaisir de l'analyse soit noyé dans une foule d'anecdotes et de récits parallèles pas toujours inintéressants mais qui confèrent au roman un rythme des plus endormis. On aimerait plus de concision, plus de dialogues, bref, plus d'impact ! Les multiples (et parfois très longues) notes, rédigées par l'auteure elle-même afin d'étoffer son univers et d'y apporter une précision quasi-documentaire, sont très mal adaptées à un récit aussi long car cela ne contribue qu'à essouffler davantage le tempo de l'histoire. Trop de précision tue la précision, c'est incontestablement mon impression la plus vive en refermant ce roman.

Jonathan Strange et Mr. Norrell, Susanna Clarke
Éditeur : Le Livre de Poche
Paru en 2008
1149 pages
10.20 €
ISBN 978-2-253-11283-9
Prix Hugo 2005
Prix Locus du meilleur premier roman 2005
Prix World Fantasy du meilleur roman 2005

Lecture commune réalisée avec :

7 mot(s) doux:

  1. Il va rester encore un peu dans ma bibliothèque celui-là...

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  2. Ton article m'a définitivement convaincue: je ne l'achèterai jamais. 1200 pages quand même, l'auteure ne s'est pas dit qu'elle devait assurer?

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  3. Certains aiment brasser de l'air... =D

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  4. Pas convaincue non plus ^^ Problème de rythme !

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  5. C'est vrai qu'il est très long mais le travail derrière est immense (certes, pas comparable à Tolkien! Je n'avais pas lu la 4e de couverture xD)
    Je pense que ce livre serait passé bcp mieux en étant moins épais ou en 2 parties. Pour ma part ce fut long (laborieux) d'arriver au bout mais j'ai tout de même passé un bon moment. Je n'ai pas hésité à lire d'autres oeuvres entre d'eux et me plonger dans celle-ci quand j'avais du temps devant moi :).

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  6. Avis complètement partagé. Je vous en avais parlé je crois. Moi je n'ai pas réussi à tenir jusqu'au bout, je me suis arrêté à 449/900, presque presque la moitié :)
    La longueur du récit et les notes de bas de pages m'ont tuées. Et comme tu le dis, pas de véritable intrigue. Du coup, pas grand chose qui encourage à continuer pour savoir la suite.
    Et oui la comparaison avec Tolkien m'avait aussi fait tiquer :)
    Bref.

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  7. Je n'avais pas été convaincue non plus, la preuve, je l'ai abandonné après une centaine de pages.
    Ps : Désormais je te suis sur facebook

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