Après Nicolas de Crécy et Marc-Antoine Mathieu, c’est au tour d’Éric Liberge d’explorer le musée du Louvre, la nuit, à l’heure où les œuvres se réveillent... Bastien, un jeune sourd, a rendez-vous au Louvre pour faire un stage. Il rencontre un mystérieux personnage, Fu Zhi Ha, qui se présente, en langue des signes comme gardien de nuit. Ces deux-là ne tardent pas à se lier d’amitié. Une nuit le gardien révèle à son jeune hôte la véritable nature de son travail. Une âme habite chaque œuvre d’art car l’artiste qui l’a engendrée y a insufflé toute sa force créatrice. Mais ces forces sont comme autant de lions en cage qui ont un besoin irrépressible de s’ébattre hors de leur cadre pour ne pas devenir moribondes et altérer l’objet d’art proprement dit, de façon irréversible…
Coup de cœur !
Attention les yeux, Aux heures impaires est une petite pépite ! Je dirais même que c'est pour le moment mon titre préféré de la collection Louvre/Futuropolis (ex-aequo avec Les sous-sols du Révolu mais personne ne peut concurrencer Marc Antoine Mathieu dans mon coeur). Avec ce titre Éric Liberge s' impose instantanément comme un artiste complet et particulièrement doué, à l'univers riche et foisonnant.
Après Période Glaciaire, le Louvre est une fois de plus le prétexte à une déambulation onirique, marque de fabrique de la collection (en témoigne le dernier titre précédemment chroniqué sur le blog, L'art du chevalement). Cette fois ci, nous y rencontrons Bastien, un jeune sourd un peu rebelle, ou du moins marginalisé en raison de son handicap, qui se rend au musée pour y décrocher un stage. Tranquillement assis en attendant la personne qui doit le recevoir, il est violemment pris à parti par le gardien car il a commis un crime impardonnable : sortir un sandwich. Agressé, déboussolé, il s'enfuit et tombe alors sur Fu Zhi Ha, un mystérieux gardien de nuit qui l'invite dans l'intimité du musée une fois les portes closes...
Si la réflexion sur la place de l'art, le beau et sa fonction sociale me semble moins marquée que dans les autres albums, le plaisir de la découverte et de la promenade est incroyable. Et le propos n'est pas dénué de sens pour autant, car la mission de Fu Zhi Ha est primordiale : libérer, aux heures impaires, les âmes des oeuvres d'art afin qu'elles puissent continuer à vivre et à être admirées. Un peu comme si elles se déchargeaient lors de la journée, qu'elles perdaient leur vitalité à force d'être regardées.
Cette libération se traduit physiquement par la sortie de l'oeuvre hors de son cadre : les chevaux se mettent à galoper librement dans les couloirs du musée tandis que les chevaliers en armures prennent vie et brandissent leurs armes. Fu Zhi Ha à pour tâche d'organiser le ballet et de veiller à ce qu'aucun débordement ne se produise.
Le postulat de base avait déjà tout pour me séduire et me faire rêver ; le traitement graphique dépasse toutes mes espérances. Dans une explosion de couleurs chatoyantes, Éric Liberge mêle photographies, dessin traditionnel et peinture numérique avec brio pour donner vie aux scènes les plus improbables. Chaque planche est un véritable tableau, parfaitement mis en valeur par un découpage original et dynamique et un format conséquent. Vous l'avez compris : je suis séduite sur toute la ligne par cette épopée merveilleuse qui laisse l'esprit rêveur et des couleurs plein les yeux une fois l'album refermé.
Aux heures impaires (one shot), Auteur
Éditeur : Éric Liberge
Collection : Le Louvre / Futuropolis
Paru en 2008
65 pages
16.25 €
ISBN 978-2-7548-0168-3
ça me semble vraiment très beau, je note!! =)
RépondreSupprimerJe ne connais pas mais je note le titre, ça m'intéresse.
RépondreSupprimer@ Enigma : ça l'est en effet !!
RépondreSupprimer@Livresse : je ne peux que t'encourager à la lire, j'ai été séduite autant par le fond que par la forme :)
Un billet qui donne très envie de découvrir cette BD ! J'aime le thème. Je note ! :-)
RépondreSupprimerJe t'encourage effectivement à la lire, elle vaut le détour :)
RépondreSupprimer