Mina, une adolescente californienne, va pour la première fois en République dominicaine, le pays natal de son père. Son beau cousin Antonio, surpris qu'elle ne connaisse rien de l'histoire familiale, lui fait rencontrer Adela, une vieille dame délicieuse. De sa bouche, Mina découvre le destin tragique de sa grand-mère Minerva et de ses deux soeurs, qui ont osé tenir tête au dictateur de l'époque. Ce voyage va changer sa vie.
Coup de cœur !
Un peu de jeunesse avec ce titre lu dans le cadre de mon stage à la bibliothèque annexe de Sens pour le comité de lecture ado (chaque mois, des bibliothécaires et documentalistes se réunissent pour présenter entre 1 et 5 ouvrages ; c’est aussi l’occasion de manger plein de petits gâteaux et de boire du thé, fondements du métier de bibliothécaire ;) ).
Ayant été prévenue la veille mais souhaitant tout de même pouvoir présenter quelque chose, je me suis jetée sur ce court roman de l’excellente collection DoAdo (oui, celle de Je mourrai pas gibier, un de mes livres préférés) et j’ai bien fait car j’ai découvert une petite pépite ! Avec Les trois sœurs et le dictateur, Élise Fontenaille nous plonge dans l’histoire –réelle– de Minerva, Maria-Teresa et Patricia, trois jeunes femmes qui se sont battues pour leurs idées et qui l’ont payé de leurs vies. D’ailleurs, saviez-vous que la date de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre) a été choisie par les militants en mémoire des trois sœurs Mirabal ?
L’action prend place en République Dominicaine, où le dictateur Rafael Leónidas Trujillo Molina (dit « Trujillo ») a exercé de 1930 à sa mort en 1961 un pouvoir sans partage. En 1949, à l’occasion d’une fête dans le Palais du Gouvernement, Trujillo rencontre Minerva, dont la beauté est légendaire ; or celle-ci fréquentait déjà un jeune dirigeant communiste. Ce qu’il ne peut avoir, Trujillo le détruit : il n’aura de cesse, dès lors, de poursuivre la famille Mirabal et de leur faire vivre un enfer.
Incroyable histoire, incroyable petit roman au titre volontairement trompeur : les sœurs n’étaient pas trois mais bien quatre. Adela, seule survivante, accueille la jeune Mina à bras ouverts pour lui confier l’histoire de la famille. Quelle femme cette Adela ! Elle tient ici le rôle de la grand-mère douce, sensible, aimante, gardienne de la mémoire familiale. Passeuse, elle aide Mina à renouer avec ses racines et à comprendre la tragédie qui a marqué non seulement son histoire mais celle de tout un pays.
Nous suivons alternativement deux niveaux de narration : Mina, qui écrit à sa meilleure amie pour lui raconter son voyage, et Adela, qui plonge dans ses souvenirs pour nous faire revivre les événements du passé. Le récit est d’une force incroyable, très prenant, empreint de mélancolie et de nostalgie. L’émotion atteint son paroxysme lors de la description de l’assassinat des trois sœurs, et j’ai relu le passage au moins trois fois ! Mon seul regret est l’absence d’une bibliographie ou d’un dossier documentaire en fin d’ouvrage pour aller plus loin… J’ai en tout cas très envie de lire Le garçon qui volait des avions de la même auteure dans la même collection !
Les trois sœurs et le dictateur, Elise Fontenaille
Éditeur : Le Rouergue
Collection : DoAdo
Paru en 2014
71 pages
8.70 €
ISBN 978-2-8126-0617-5
Ado
Ado
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